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« Nettoyage ethnique » : comment Israël chasse les Palestiniens du Grand Jérusalem

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Incorporation des colonies, transformation des quartiers palestiniens en no man’s land, intensification de la pression sur les Palestiniens hiérosolymites… Israël est prêt à tout pour assurer une suprématie juive à Jérusalem.

Selon des mises en garde formulées par des organisations de défense des droits de l’homme, Israël dispose actuel­lement les dernières pièces d’un Grand Jérusalem juif qui nécessitera un « nettoyage ethnique » à l’encontre de dizaines de milliers de Palestiniens, lesquels devront être chassés d’une ville dans laquelle leurs familles vivent et travaillent depuis des générations.

Restes d’une maison après sa destruction par les troupes israéliennes à Beit Surik, près de Jérusalem, le 15 novembre (AFP)

Le rythme des transformations physiques et démographiques 1 opérées dans la ville s’est considérablement accéléré depuis qu’Israël a commencé il y a plus de dix ans à construire une barrière en acier et en béton à travers les quartiers palestiniens de la ville, indiquent des groupes de défense des droits de l’homme et des chercheurs palestiniens.

Israël se prépare à ancrer ces changements dans la loi, notent-ils. Deux projets de loi parlementaires largement soutenus par les ministres au gouvernement laissent entrevoir les contours de l’avenir de Jérusalem.

Un des projets de loi vise à incorporer à Jérusalem quelque 150.000 Juifs vivant dans les colonies illégales cisjordaniennes qui entourent la ville. En plus de renforcer la population juive de la ville, cette mesure accordera à ces colons supplémentaires le droit de vote aux élections municipales de Jérusalem, ce qui poussera encore plus la ville vers la droite de l’échiquier politique.

Un autre projet de loi privera de leurs droits plus de 100.000 Palestiniens vivant du « mauvais » côté de la barrière. Ils seront assignés à un conseil local séparé, réservé uniquement aux Palestiniens, ce que les observateurs consi–dèrent avec crainte comme un prélude à la déchéance de leurs droits de résidence et à une interdiction de leur accès à Jérusalem.

La municipalité de Jérusalem prive les quartiers habités en majorité par des Palestiniens des services élémentaires assurés dans les quartiers à majorité juive, comme par exemple la collecte des ordures ménagères.

Dans le même temps, la pression s’intensifie sur les Palestiniens vivant à l’intérieur – via un enchevêtrement de politiques israéliennes cruelles, notamment des arrestations nocturnes, des pénuries de terres, des démolitions de maisons ou encore le refus de l’accès aux services de base – afin de les pousser à partir.

Ces mesures visent à anticiper de futurs efforts de paix et à anéantir dans les faits les ambitions palestiniennes de faire de Jérusalem-Est la capitale de leur État, a déclaré Aviv Tartasky, chercheur à Ir Amim, une organisation israélienne qui demande un traitement équitable des Palestiniens à Jérusalem.

« C’est un nettoyage ethnique sans armes qui se déroule, a indiqué Tartasky à Middle East Eye. Israël espère se débarrasser d’un tiers de la population palestinienne de Jérusalem par le biais de mesures législatives. »

Des craintes démographiques

Les préoccupations démographiques d’Israël à Jérusalem remontent à 1967, date à laquelle l’État a occupé et annexé Jérusalem-Est, regroupant l’importante population palestinienne et la population juive de Jérusalem-Ouest. Israël a également élargi les limites municipales de la ville de manière à annexer subrepticement des terres cisjordaniennes.

Au départ, Israël a fixé une limite maximale au ratio Palestiniens-juifs dans ce qu’il a désigné comme sa nouvelle « capitale unifiée et éternelle » – à savoir 30% de Palestiniens contre 70% de juifs – mais il a perdu depuis la bataille de la préservation de ce ratio. En raison d’un taux de natalité palestinien plus élevé, plus de 315.000 Palestiniens vivent actuellement à Jérusalem-Est, ce qui représente près de 40 % de la population totale de la ville. Selon les projections, les Palestiniens pourraient devenir majoritaires en l’espace d’une décennie.

Bien que peu de Palestiniens à Jérusalem aient pris ou se soient vu accorder la citoyenneté israélienne  et bien que quasiment aucun d’entre eux ne vote aux élections municipales, Israël craint que leur poids numérique croissant ne rende son règne dans la ville de plus en plus intenable.

« Ce que nous avons à Jérusalem est un système d’apartheid en devenir », a déclaré à MEE Mahdi Abd al-Hadi, universitaire palestinien basé à Jérusalem. « Les politiques israéliennes sont dictées par des considérations démographiques et cela a créé un énorme fossé entre les deux sociétés. Les Palestiniens sont étouffés. »

« Save Jewish Jerusalem »

La peur de la perte démographique de Jérusalem a poussé l’an dernier des dirigeants politiques et des responsables des services de sécurité israéliens à lancer une campagne très médiatisée, baptisée « Save Jewish Jerusalem » (« Sauver la Jérusalem juive »). Animée par la crainte que les Palestiniens ne deviennent bientôt majoritaires et ne se mettent à voter aux élections municipales, la campagne a averti les habitants juifs qu’ils pourraient « se réveiller avec un maire palestinien à Jérusalem ».  

Au cours de l’année écoulée, des ministres, dont celui de l’Éducation Naftali Bennett, ont soutenu agressivement l’annexion de Maale Adumim, une grande colonie située à l’extérieur de Jérusalem, en Cisjordanie. Peu à peu, ces ministres semblent remporter le débat.  

Le mois dernier, une commission ministérielle a été chargée d’approuver un projet de loi sur le Grand Jérusalem visant à élargir les frontières municipales de la ville pour inclure Maale Adumim et plusieurs autres grandes colonies cisjordaniennes. Le projet de loi a obtenu le soutien de Netanyahou.  

Les colonies feraient l’objet d’une annexion qui n’en porterait pas le nom et leurs 150.000 habitants auraient le droit de voter aux élections municipales.

Une annexion de facto

Yisrael Katz, le ministre des Transports et du Renseignement qui a contribué à présenter le projet de loi, a déclaré que son objectif était de « préserver une majorité juive » dans la ville. Selon un sondage récent, 58% des Juifs israéliens soutiennent le plan. 

Sous la pression de l’administration du président américain Donald Trump, Netanyahou a temporairement relégué le projet de loi au second plan. Washington craindrait que la législation ne fasse obstacle à une initiative de paix qu’il serait sur le point de présenter.

Ir Amim craint de voir la législation relancée lorsque la pression se sera dissipée. Le groupe a averti la semaine dernière dans un communiqué que la législation était la « première mesure pratique prise depuis l’annexion de Jérusalem-Est en 1967 pour mettre en œuvre l’annexion de facto de zones cisjordaniennes à Israël ».

Après des décennies d’implantation de colons juifs au cœur des quartiers palestiniens pour empêcher leur développement et leur croissance, Israël entame le processus difficile consistant à démêler les deux populations, a déclaré Tartasky.

Des avis d’expulsion

Les effets se ressentent vivement sur le terrain.

Vendredi dernier, les forces israéliennes ont pris d’assaut le village bédouin de Jabal al-Baba et délivré des avis d’« expulsion » à ses 300 habitants. En août, l’armée israélienne a démoli l’école maternelle du village.  Jabal al-Baba se situe entre Jérusalem-Est et Maale Adumim.

« Ces communautés palestiniennes à l’extérieur de Jérusalem sont comme une arête dans la gorge d’Israël, a déclaré Tartasky. Israël essaie de rendre leur vie aussi dure que possible pour les forcer à partir et créer ainsi une continuité territoriale entre Jérusalem et les colonies. »

Le dernier raid en date contre Jabal al-Baba est survenu juste après qu’Israël a informé les centaines d’habitants d’al-Walaja qu’un poste de contrôle militaire serait déplacé à proximité de l’entrée de leur village. Cela les coupera des terres agricoles ancestrales situées sur les hauteurs de Jérusalem que leurs familles cultivent depuis des générations.

Bien que de nombreux habitants d’al-Walaja disposent de papiers d’identité hiérosolymites délivrés par Israël, cette nouvelle manœuvre les coupera dans les faits de la ville ainsi que de leurs terres. Les terrasses ainsi qu’une source voisine, où les villageois abreuvent leur bétail, deviendront des « attractions » dans un parc métropolitain hiérosolymite étendu.

Resserrer l’emprise

Pendant ce temps, Israël resserre son emprise sur les Palestiniens dans les zones bâties de Jérusalem-Est. Ceux qui se trouvent de l’autre côté du mur de béton ont été abandonnés dans les faits par la municipalité de Jérusalem et éprouvent de plus en plus de difficultés à accéder au reste de la ville, a indiqué Daoud Alg’ol, chercheur palestinien spécialiste de Jérusalem.

Un projet de loi émis par Ze’ev Elkin, ministre des Affaires de Jérusalem, vise à déconnecter de la municipalité de la ville des quartiers palestiniens tels qu’al-Walaja, Kafr Aqab, le camp de réfugiés de Chouafat et Anata, qui se trouvent au-delà du mur de séparation. Ils seraient regroupés dans un conseil local séparé réservé aux Palestiniens, ce qui réduirait ainsi d’un tiers la population palestinienne de la ville.

« Une fois que les Palestiniens seront dans un conseil local séparé, Israël dira que le centre de leur vie n’est plus à Jérusalem et leurs papiers de résidence à Jérusalem seront révoqués, a poursuivi Alg’ol. Cela se produit déjà, mais cela se fera à bien plus grande échelle. »

Depuis 1967, Israël a révoqué les permis de résidence de plus de 14.000 Palestiniens, les forçant ainsi à quitter Jérusalem.

Des « zones d’ombre » négligées

Même si leurs habitants paient des impôts à la municipalité de Jérusalem, les quartiers palestiniens situés de l’autre côté de la barrière sont déjà des « zones d’ombre » négligées et en proie à l’anarchie. À Kafr Aqab, par exemple, un quartier isolé du reste de Jérusalem-Est par le mur et un poste de contrôle militaire, les habitants bénéficient de peu de services. Israël a en outre bloqué l’accès de l’Autorité palestinienne à ce quartier. « Ils vivent dans un no man’s land », a affirmé Alg’ol.

Ces quartiers sont devenus une destination tant pour les criminels que pour les familles palestiniennes prises au piège de l’enchevêtrement complexe de réglementations strictes en matière de résidence imposées par Israël. Les Palestiniens de Cisjordanie se voient refuser l’accès à l’intérieur des murs de Jérusalem, tandis que les Palestiniens de Jérusalem risquent de se voir révoquer leurs papiers de résidence s’ils quittent la ville.

Les couples qui se sont mariés à travers cette division ont trouvé refuge à Kafr Aqab, tandis qu’Israël déconnecte lentement mais sûrement le quartier de Jérusalem-Est. Les habitants affirment que la population y est passée de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers d’habitants au cours des dernières années.

Par conséquent, les constructions ont connu une explosion au-delà du mur, où les Palestiniens profitent de l’absence de mise en œuvre par Israël des réglementations en matière de construction. Cela a également offert des avantages démographiques à Israël, a précisé Alg’ol.

Une crise du logement

« Les restrictions en matière d’aménagement urbain et les pénuries de terres à l’intérieur ont donné lieu à une crise du logement pour les Palestiniens, qui fait que leur vie dans cette zone est devenue trop chère, a-t-il expliqué. Ils ont été forcés de déménager dans des quartiers situés derrière le mur pour trouver des logements plus abordables. La pression économique crée un transfert silencieux. »

Les Palestiniens vivant dans les quartiers situés à l’intérieur sont chassés par d’autres moyens, a noté Tartasky.

Israël emploie depuis longtemps un éventail de politiques visant à priver les Palestiniens de terres, empêcher leur développement à Jérusalem et justifier les démolitions de maisons.

Il s’agit notamment d’octroyer à des quartiers palestiniens le statut de « parcs nationaux » pour rendre illégales les maisons qui s’y trouvent, de confisquer les derniers espaces verts pour construire des colonies juives ou encore de permettre aux colons de s’emparer de propriétés palestiniennes dans la vieille ville et les quartiers alentours alors qu’Israël cherche à renforcer son emprise sur les lieux saints de la ville, en particulier la mosquée al-Aqsa.

Environ 200.000 colons juifs vivent actuellement à Jérusalem-Est.

« Les Palestiniens ne sont jamais intégrés à l’aménagement urbain de Jérusalem et leurs intérêts ne sont jamais pris en compte – ils constituent toujours un obstacle à éliminer, a déclaré Alg’ol à MEE. Israël veut la terre, mais pas les Palestiniens qui y vivent. »

Des raids nocturnes

La pression s’est intensifiée sur les Palestiniens vivant à Jérusalem, a noté Tartasky, dans la mesure où leurs communautés se sont vu refuser l’accès à des écoles et à des services municipaux de base. Plus de 80% des enfants palestiniens vivent sous le seuil de pauvreté.

La municipalité de Jérusalem et la police ont également commencé à intensifier les opérations de « maintien de l’ordre » contre les Palestiniens – ou ce que les habitants considèrent comme une « punition collective ». Affirmant « rétablir l’ordre », les autorités ont récemment procédé à une vague de raids nocturnes dans des quartiers comme at-Tur et al-Issawiya. Ces opérations ont donné lieu à un grand nombre d’arrestations de Palestiniens, d’ordres de démolition et de fermetures d’entreprises. 

« Israël emploie les mêmes méthodes militarisées qu’en Cisjordanie, a déclaré Tartasky. L’hypothèse est que ces pressions les encourageront [les Palestiniens] à se déplacer vers des quartiers situés derrière la barrière, où ils perdront tôt ou tard leurs droits de résidence. « Israël a compris que c’est une opportunité qu’il peut exploiter. »

Le bureau du maire de Jérusalem, Nir Barkat, a adressé à MEE un communiqué démentant toute détérioration de la situation des Palestiniens à Jérusalem-Est. Le communiqué a signalé des améliorations spectaculaires dans les quartiers palestiniens en ce qui concerne la mise à disposition d’écoles, de centres communautaires, de terrains de sport, de nouvelles routes ou encore de services postaux et d’assistance sociale.

Le communiqué a également précisé que Barkat avait « élaboré un plan d’une portée et d’un budget sans précédent visant à réduire les insuffisances à Jérusalem-Est afin de faire face aux 50 années de négligence dont il a hérité de ses prédécesseurs à la tête de la ville et des gouvernements israéliens successifs ».

Selon Alg’ol, les déclarations des autorités municipales constituent un déni de réalité. « Israël veut créer un simulacre de ville sans Palestiniens, a-t-il soutenu. Là où il le peut, il procède à un nettoyage ethnique pour les chasser de la ville. Et là où il ne le peut pas, il les dissimule tout simplement. »

Jonathan Cook              


Cet article de Jonathan Cook a été publié par Middle East Eya (édition française) le 24 novembre 2017. – Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Jonathan Cook vit à Nazareth et est lauréat du prix spécial Martha Gellhorn de journalisme.
Ses ouvrages récents sont « Israel and the Clash of Civilisations: Iraq, Iran and the Plan to Remake the Middle East » (Israël et le choc des civilisations : l’Irak, l’Iran et le plan de remodelage du Moyen-Orient) (Pluto Press) et Disappearing Palestine: Israel’s Experiments in Human Despair (La disparition de la Palestine : expérimentations israéliennes autour du désespoir humain) (Zed Books).
Son site web personnel est : www.jonathan-cook.net.

Vous trouverez plusieurs articles de J. Cook (ou parlant de lui) traduits en français sur ce site.

Notes   [ + ]

1. Les obligations de la puissance occupante sont énoncées dans le Règlement de La Haye de 1907 (art. 42-56) et dans la IVe Convention de Genève (CG IV, art. 27-34 et 47-78), ainsi que dans certaines dispositions du Protocole additionnel I et dans le droit international humanitaire coutumier. Les accords passés entre la puissance occupante et les autorités locales ne peuvent priver la population d’un territoire occupé de la protection accordée par le droit international humanitaire (CG IV, art. 47) et les personnes protégées elles-mêmes ne peuvent en aucun cas renoncer à leurs droits (CG IV, art. 8).
Les principales règles du droit applicable en cas d’occupation précisent que :
  • L’occupant n’acquiert pas la souveraineté sur le territoire.

  • L’occupation n’est qu’une situation temporaire et les droits de l’occupant se limitent à la durée de cette période.

  • La puissance occupante est tenue de respecter les lois en vigueur dans le territoire occupé, à moins qu’elles constituent une menace pour sa sécurité ou un obstacle à l’application du droit international de l’occupation.

  • La puissance occupante doit prendre des mesures en vue de rétablir et d’assurer, autant qu’il est possible, l’ordre public et la sécurité publique.

  • Dans toute la mesure de ses moyens, la puissance occupante a le devoir d’assurer des conditions satisfaisantes d’hygiène et de santé publique, ainsi que d’approvisionner en vivres la population sous occupation et de lui dispenser les soins médicaux nécessaires.

  • Les personnes civiles vivant dans un territoire occupé ne peuvent pas être enrôlées de force dans les forces armées de l’occupant.

  • Les transferts forcés de personnes civiles, en masse ou individuels, à l’intérieur ou en dehors du territoire occupé sont interdits.

  • Les transferts de ressortissants civils de la puissance occupante dans le territoire occupé, qu’ils soient forcés ou volontaires, sont interdits.

  • Les peines collectives sont interdites.

  • La prise d’otages est interdite.

  • Les mesures de représailles à l’égard des personnes protégées ou de leurs biens sont interdites.

  • La confiscation des biens privés par l’occupant est interdite.

  • La destruction ou la saisie de biens appartenant à l’ennemi est interdite, sauf si elles sont absolument nécessaires pour des raisons d’ordre militaire.

  • Les biens culturels doivent être respectés.

  • Les personnes poursuivies pour un délit pénal doivent bénéficier des procédures respectant les garanties judiciaires reconnues sur le plan international (par exemple, elles doivent être informées des motifs de leur arrestation, inculpées d’un délit spécifique et jugées de façon équitable dès que possible).

Israël viole la quasi-totalité de ces obligations, tant à Jérusalem que dans les autres territoires occupés. – NDLR


D’anciens ambassadeurs demandent à Trump de ne pas reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël

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Plusieurs anciens ambassadeurs israéliens exhortent Trump à ne pas reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël.

Ces anciens diplomates israéliens avertissent Jason Greenblatt qu’une déclaration unilatérale qui ne tient pas compte des aspirations palestiniennes nuirait aux perspectives de paix et pourrait enflammer le Moyen-Orient. 

Dans une lettre à l’envoyé spécial de Trump au Proche-Orient, Jason Greenblatt, vingt-cinq anciens ambas­sadeurs, universitaires et pacifistes israéliens ont exprimé lundi leur opposition à la possible reconnaissance unilatérale par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël.

La lettre a été écrite au nom du “Groupe de travail sur les politiques”, une organisation d’activistes israéliens ayant des antécédents diplomatiques, universitaires, politiques et médiatiques, y compris d’anciens diplomates israéliens tels qu’Ilan Baruch, Alon Liel et Elie Barnavi. Le groupe a écrit à Greenblatt que “nous sommes profondément préoccupés par les récents rapports selon lesquels le président Trump envisage sérieusement d’annoncer sa décision de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme la capitale d’Israël”.

Le statut de Jérusalem, la ville qui abrite les lieux saints des trois religions monothéistes, est au cœur du conflit israélo-palestinien et doit être déterminé dans le contexte de la résolution de ce conflit”, poursuit la lettre.

Selon le groupe, “les États-Unis n’ont jamais ignoré le fait que Jérusalem abrite deux communautés nationales […] une déclaration du président reconnaissant Jérusalem comme la capitale d’Israël tout en ignorant les aspirations palestiniennes à cet égard, approfondirait la l’asymétrie entre les deux parties, portant gravement atteinte aux perspectives de paix et pourrait enflammer toute la région.”


Source : Noa Landau, dans Haaretz

Jérusalem : fin imminente de la comédie du “processus de paix”, impasse totale

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Les jeux paraissent faits : dans quelques heures le Président des États-Unis – en passe de détrôner G.W. Bush de son titre de pire POTUS 1 de l’histoire – aura proclamé que son pays reconnaît Jérusalem pour la capitale de l’État d’Israël. C’est un pas supplémentaire sur la voie de l’isolement de la première puissance mondiale, après le retrait étatsunien du pacte de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique, de l’UNESCO, du futur Pacte mondial sur les migrations, sans oublier l’obstination à construire un mur tout au long de sa frontière sud, aussi inutile qu’odieux.

Demain aura très probablement définitivement sombré dans le néant la sinistre comédie du “processus de paix” et de la “solution à deux États”, dont tout le monde sait depuis longtemps que c’est une impasse, mais auquel les Européens (et évidemment l’U.E.) se sont accrochés depuis des années avec l’énergie du désespoir, faute d’être capables de faire quoi que ce soit de constructif. 

Alors, est-ce le triomphe de Netanyahou et des “ultras” israéliens ?
« 
Les Israéliens savent que Donald Trump ne donne rien gratuitement. La question est maintenant : quel prix va-t-il exiger ? Qu’est-ce qu’Israël va devoir payer en échange de beaucoup moins que ce qu’il avait promis à plusieurs reprises. Quand la fumée se dissipera, quelles que soient les violences ou les renversements diplomatiques ou les pressions qu’Israël pourrait subir, il n’y aura toujours pas d’ambassade américaine à Jérusalem », fait remarquer Bradley Burston dans sa chronique de Haaretz.

C’est que, poursuit-il, « il y a un certain nombre de bonnes raisons pour lesquelles quatre administrations succes­sives à Washington (Clinton, Bush, Obama et Trump) ont résisté à la pression pour appliquer la loi de 1995 2 sur l’ambassade de Jérusalem, une loi votée par une majorité écrasante et probablement aujourd’hui introuvable au Congrès (93 contre 5 au Sénat, 374 contre 37 à la Chambre)». Pendant des décennies, selon un rituel bien établi, les candidats à la présidence démocrates et républicains à la Maison Blanche ont promis pendant la campagne électorale de déplacer l’ambassade une fois au pouvoir, et Israël a poliment applaudi. Et une fois en poste, les présidents – Trump inclus jusqu’à ce jour – s’abstenaient de tenir leur promesse, et Israël poussait un soupir de soulagement.

Une des raisons les plus importantes fut sans doute la crainte ressentie par pas moins de six premiers ministres israéliens successifs (Yitzhak Rabin, Shimon Pérès, Benjamin Netanyahou, Ehoud Barak, Ariel Sharon, Ehud Olmert et Netanyahou à nouveau) que le déplacement l’ambassade US et la reconnaissance Jérusalem comme la capitale d’Israël pourrait – pour un bénéfice purement symbolique – déclencher une conflagration de proportions majeures.

Netanyahou, cerné par les scandales et de plus en plus dépendant des plus illuminés parmi les les colons pour se maintenir au pouvoir, a cette fois poussé Trump au crime. 

Et demain matin il n’y aura toujours pas d’ambassade à Jérusalem. Pas une seule. Et rien pour remplacer le désormais défunt “processus de paix”, sinon peut-être une explosion de violence et des tensions internationales aux conséquences encore imprévisibles.

L.D.                 

 IL Y A EU, IL N’Y A PAS SI LONGTEMPS, JUSQU’À 16 AMBASSADES À JÉRUSALEM

Lorsque l’ambassade des États-Unis aura effectivement déménagé à Jérusalem, si cela se produit un jour, elle sera la seule dans ce cas (à moins bien sûr que Washington n’oblige l’un ou l’autre de ses vassaux à l’imiter). Pourtant, il n’y a pas si longtemps, il y a eu jusqu’à 16 ambassade à Jérusalem, avant qu’elles ne ferment boutique l’une après l’autre, rappelle Haaretz.

Trois pays africains – la Côte d’Ivoire, le Zaïre 3 et le Kenya – et 11 pays d’Amérique latine – Bolivie, Chili, Colombie, Costa Rica, République Dominicaine, Equateur, Salvador, Guatemala, Panama, Uruguay et Venezuela – y avaient installé leur ambassadeur dans les années 1950. Haïti et les Pays-Bas avaient fait de même un peu plus tard.

Extrait de la résolution 478 du Conseil de sécurité de l’ONU

Pour autant, ces pays n’avaient pas formellement reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, le consensus international voulant que la “ville sainte” conserve un statut particulier, conformément aux résolutions des Nations Unies, et que son statut soit fixé ultérieurement dans un futur accord de paix israélo-palestinien.

Lors de la “guerre du Kippour”, en 1973, la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Zaïre rompirent leurs relations diplomatiques avec Israël, au lendemain d’un “sommet des pays non-alignés” à Alger. Lorsque ces relations furent rétablies, quelques années plus tard, leurs ambassades s’établirent à Tel Aviv.

Les 13 autres pays fermèrent leurs ambassades respectives en 1980, lorsque le parlement israélien vota la “loi sur Jérusalem” qui proclame l’unification de la ville, pour l’éternité sous la souveraineté israélien. Cette loi ne changeait pratiquement rien concrètement, la réunification de Jérusalem étant devenue un fait après juin 1967, à ceci près qu’elle modifiait les limites territoriales de la ville, accroissant son territoire d’un tiers, ce que le Conseil de Sécurité de l’ONU condamna fermement… sans rien faire pour que ses décisions aient un quelconque effet.

Au contraire : le parlement israélien vota une loi une loi exigeant que toute décision de retrait d’une partie de Jérusalem ou du plateau du Golan4 soit approuvée par une majorité qualifiée de 80 membres de la Knesset sur 120 (66%), ainsi qu’un référendum public sur la question, auquel bien entendu 40% de la population de Jérusalem ne pourraient pas participer puisque n’ayant pas la citoyenneté israélienne.


Notes   [ + ]

1. President of the United States
2. La loi est ainsi faite aux États-Unis que le Président pouvait suspendre l’application concrète de la loi votée au Congrès à condition de renouveler cette décision tous les six mois. Ce que tous ont fait avec la régularité d’un métronome… jusqu’à ce mois de décembre 2017.
3. l’ex-Congo belge, aujourd’hui République Démocratique du Congo
4. Appartenant à la Syrie, annexé par Israël

Pourquoi Trump déménage-t-il maintenant à Jérusalem

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Par rapport à la concentration de commentaires sur l’opposition au déménagement et à ses possibles ramifications, relativement peu de choses ont été dites sur pourquoi l’administration de Donald Trump a décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et a signalé son intention d’y déplacer l’ambassade de Tel Aviv.

Par exemple, il y a une analyse largement partagée, qui ne répond pas exactement à la question du titre « Pourquoi Trump défait-il des décennies de politique américaine sur Jérusalem » ?

Manifestation à Gaza le 6/12/2017 contre les intentions de Trump (Adel Hana/Associated Press)

Je crois qu’il y a trois raisons principales qui ne s’excluent pas mutuellement.

Tout d’abord, la politique intérieure des États Unis. L’annonce de ce jour a bonne presse dans la base de Trump dans les milieux de droite des chrétiens évangélistes, autant que dans les appréciations d’individus influents comme Sheldon Adelson. « Alléluia » proclame le principal éclat du site d’extrême droite de Breitbar aujourd’hui à l’accueil de la nouvelle.

Le fait que ces administrés soient déjà acquis à Trump n’écarte pas le fait que des étapes politiques peuvent être conçues comme des cadeaux aux convertis; le trumpisme ne s’est jamais porté sur la construction de vastes coalitions ni sur l’extension de sa capacité en comblant des fossés, mais sur l’insufflation d’énergie et la mobilisation de sa base.

N’oubliez pas, bien sûr, qu’une promesse de déménagement de l’ambassade des États Unis à Jérusalem a fait partie de la campagne électorale de Trump; pour un président qui a lutté pour tenir ses promesses, une victoire est une victoire.

Deuxièmement, Benjamin Netanyahou, et d’autres, pourraient bien avoir largement contribué à persuader l’administration Trump de faire ce geste – quelque chose que les Jared Kushner, Jason Greenblatt et l’émissaire américain en Israël, David Friedman seraient personnellement prêts à faire de toute façon.

Pour Netanyahou – et c’est déjà évident dans les remarques faites ce matin, un tel tournant dans la politique américaine est parfaitement en accord avec son discours sur un Israël confiant, nationaliste, étendant ses liens diplomatiques, les avertissements quant à un isolement vis-à-vis de ses ennemis politiques se sont avérés des coquilles vides.

Que la décision de Trump sur Jérusalem soit véritablement dans le meilleur intérêt de Netanyahou ou de sa coalition, est un autre sujet ; mais qu’il soit mal conseillé ou non, Netanyahou paraît avoir poussé l’administration Trump à faire ce geste.

Troisièmement – et c’est là probablement que quelque chose échappe à nombre de commentateurs– l’administration Trump pourrait bien envisager et justifier le déménagement à Jérusalem dans le contexte de ses efforts largement reconnus pour sécuriser « l’accord du siècle ».

À première vue, cela peut sembler contre-intuitif, étant donné que tout le monde, de la Jordanie à l’Union Européenne, a critiqué l’annonce sur Jérusalem comme nuisible aux efforts pour faire avancer la dite « paix » israélo-palestinienne et une « solution à deux États ».

En fait, l’administration Trump est plus encline à considérer et présenter le déménagement à Jérusalem comme un geste envers Israël qui créera l’attente ou la pression pour un « geste » correspondant en retour, comme des mesures centrées sur l’économie de la Cisjordanie occupée.

Savoir si ce calcul se vérifiera est une autre question – quoique Mahmoud Abbas et son équipe aient, au fil des années, démontré un capacité remarquable à donner « encore une chance » aux efforts américains.

En d’autres termes, plutôt qu’un inexplicable obstacle aux actions de ce que s’efforce de faire l’administration Trump pour donner naissance à « l’ultime accord », la Maison Blanche – et peut être le Prince héritier saoudien Mohammad Ben Salman – peuvent sans doute voir le déménagement comme partie intégrante de ce même projet  (d’où la faiblesse de la réponse, jusqu’à présent, de la part de Ryad).

Sur le terrain, cependant, la réalité d’une ville d’apartheid reste inchangée pour les habitants palestiniens : démolition de maisons, discrimination de la municipalité, attaques brutales, déplacements orchestrés par les colons. C’est la triste réalité de Jérusalem que les alliés d’Israël ont joué un rôle crucial à promouvoir, par leur longue  inaction. Trump rejoint ainsi le camp surpeuplé de la complicité.  


Publié le 6/12/2017 sur Middle East Monitor
Traduction SF pour l’Agence Media Palestine

ben-white Ben White est un journaliste dont les travaux ont été notamment publiés dans le quotidien britannique The Guardian, dans The New Statesman, ainsi que par Al Jazeera et Electronic Intifada. Il est l’auteur de Israeli Apartheid (Ed. Pluto Press – 2009) et de « Être Palestinien en Israël » (Ed. La Guillotine – 2015)

Cherchez tous les articles de Ben White ou parlant de lui sur ce site

Un étrange “plan de paix” saoudien, sauce Netanyahou

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Pour la plupart des commentateurs du monde arabe, [avec la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade U.S.,] les États-Unis ont définitivement perdu leur statut d’inter­médiaire supposé neutre dans le conflit israélo-palestinien.

Mais pour qu’il n’y ait aucun doute sur le sens que le gouvernement israélien donnait aux propos de Trump, les murailles de la Vieille Ville de Jérusalem — un territoire palestinien occupé selon le droit international et annexé par Israël en 1967 — ont été éclairées durant toute son allocution par deux immenses drapeaux : l’un américain et l’autre israélien. Tout un symbole. Trump, lui, engageait Israéliens et Palestiniens à s’engager dans une voie « de compréhension et de respect mutuel ».

Au moment où il rompait à Jérusalem avec un statu quo vieux de 70 ans, il appelait aussi les parties à « préserver le statu quo » dans la Ville sainte. On en rirait presque si les conséquences ne risquaient d’être tragiques.

La décision de Trump s’inscrit dans un continuum significatif : celui de fuites savamment entretenues depuis un mois, qui avaient commencé avec celles alimentées par les séjours répétés à Riyad de Jared Kushner, son gendre et conseiller spécial sur le Proche-Orient, selon lesquelles Trump allait bientôt présenter son « plan de paix » qui ne prévoyait pas d’évacuation des colonies israéliennes et semblait miser sur une « paix économique d’abord ». 

Puis les médias israéliens s’étaient emballés au sujet des pressions exercées par la monarchie saoudienne sur Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne (AP), pour qu’il accepte de négocier un accord avec Israël sur la base du plan promu par Trump.

À la mi-novembre a surgi l’affaire de la fermeture annoncée de la représentation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington, dont le département d’État n’avait pas renouvelé l’autorisation. L’affaire avait été interprétée comme une nouvelle pression sur Mahmoud Abbas. La mission palestinienne avait finalement reçu l’agrément américain, mais dans des conditions plus strictes.

Dans son édition du 3 décembre, le New York Times a confirmé les contours d’un « plan de paix » américano-saoudien. Son existence a été validée à mots couverts, le même jour, par Jared Kushner lors d’un colloque à l’Institut Brookings à Washington. Selon ce plan, les Palestiniens se verraient concéder un État formé de plusieurs territoires disjoints les uns des autres. Jérusalem n’en serait pas la capitale et Israël garderait sous sa souveraineté 50 à 60 % du territoire cisjordanien.

La question des réfugiés palestiniens serait totalement exclue de l’accord. En bref : une copie des célèbres bantoustans de feu l’Afrique du Sud de l’apartheid, que l’on offrirait à Mahmoud Abbas de présider.

Fortes pressions sur Mahmoud Abbas

Le quotidien américain accrédite aussi les très fortes pressions mises en œuvre pour amener Abbas à résipiscence. Obnubilé par son conflit avec l’Iran, le jeune prince saoudien Mohamed Ben Salman, dit MBS, dont les pouvoirs ne cessent de s’étendre, entendrait tout faire afin de renforcer l’alliance opérationnelle avec Israël. Pour passer à cet ordre du jour, il a besoin de se débarrasser de « l’épine » palestinienne au plus tôt.

Il serait donc disposé à avaliser le « plan de paix » américain et aurait offert à cette fin des sommes substantielles aux Palestiniens pour qu’ils s’y soumettent. Les Saoudiens, a expliqué Yaakov Nagel, un ex-conseiller récent à la sécurité de Benyamin Nétanyahou, « se fichent du contenu d’un accord » sur la question palestinienne. « Ils ont juste besoin qu’un accord soit signé pour pouvoir passer à la phase suivante » 1 — celle d’une coopération accrue avec Israël contre l’Iran. MBS aurait même proposé au président palestinien de l’aider financièrement à titre personnel. Le journal ne précise pas le montant de la somme offerte. Abbas aurait refusé, et commencé d’alerter divers responsables sunnites (les Turcs, les Jordaniens et les Égyptiens) pour l’aider à résister aux pressions de Riyad et Washington.

En reconnaissant Jérusalem comme capitale, Donald Trump fait monter de plusieurs crans le niveau des pressions sur Abbas. Manière de dire aux Palestiniens : « Dépêchez-vous, car ce sera mon plan ou rien ». Ces pressions renouvelées visent à persuader les dirigeants palestiniens que le seul moyen d’obtenir un peu mieux que ce que les rumeurs répandent est de venir à la table des négociations sur ces bases-là. Sinon, ils perdront tout (pour mémoire, l’Arabie saoudite est l’un des principaux financiers extérieurs, avec les Européens et les Américains, de l’AP).

Mais en actionnant le volet de Jérusalem sans attendre l’aboutissement de négociations entre les parties, Trump touche à l’un des sujets politiques et symboliques essentiels du conflit israélo-palestinien ; qui plus est, à un enjeu international qui dépasse aussi ce conflit lui-même. De fait, avec celle des réfugiés, la question de Jérusalem s’est retrouvée au cœur de toutes les négociations, officielles ou informelles, qu’Israéliens et Palestiniens ont menées depuis 1967.

Du partage à l’annexion

Pourquoi cette question est-elle si importante ? Voté en novembre 1947 aux Nations unies, le partage de la Palestine sous mandat britannique en deux États, l’un « juif » et l’autre « arabe » 2, exclut la ville de Jérusalem, appelée à devenir (avec Bethléem) un « corps séparé » (corpus separatum) sous administration onusienne.

La guerre qui suit la création de l’État d’Israël, le 15 mai 1948, voit cependant deux de ses protagonistes, Israël et la Jordanie (alors Transjordanie), se partager la ville. Les Israéliens s’emparent de la plus grande partie de son territoire, et le royaume hachémite installe sa souveraineté sur la plupart des quartiers arabes, dont la Vieille Ville et ses environs, qui incluent l’esplanade des Mosquées et les lieux saints musulmans (la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher), mais aussi le mur des Lamentations, vestige du second temple des juifs. Un accord préalable entre les deux protagonistes avait été conclu pour empêcher l’érection d’un État palestinien 3.

Dès 1949, Israël installe son gouvernement et son Parlement à Jérusalem, dont il fait officiellement sa capitale. Sa décision se heurte à un refus de reconnaissance de la communauté internationale. Cette situation va perdurer après la guerre de juin 1967, durant laquelle Israël s’empare de la Cisjordanie, y compris la partie est (arabe) de Jérusalem. Dix-sept jours plus tard, le Parlement israélien vote l’annexion de la partie orientale de la ville récemment conquise. Le Conseil de sécurité de l’ONU condamnera cette annexion le 21 mai 1968 dans la résolution 252 : « Toutes les mesures et dispositions législatives et administratives prises par Israël (…) qui tendent à modifier le statut juridique de Jérusalem sont non valables », stipule-t-il. Les États-Unis valideront et ne modifieront jamais cette position. Lorsque le 30 juillet 1980, la Knesset inscrit dans les lois fondamentales (lois constitutionnelles) de l’État d’Israël que « Jérusalem unifiée » est la « capitale éternelle et indivisible d’Israël », le Conseil de sécurité réaffirmera par deux fois (résolutions 476 et 478) que le vote du Parlement israélien consti­tue « une violation du droit international », appelant les « États qui ont établi des missions diplomatiques à Jérusalem de retirer ces missions de la Ville sainte » 4.

Depuis, ces résolutions n’ont jamais été infirmées. Et à ce jour, aucune ambassade étrangère n’est installée à Jérusalem. La communauté internationale, à l’unanimité, ne reconnait pas Jérusalem comme la capitale d’Israël. Cependant, son rapport à la ville a partiellement évolué — en particulier la position américaine. Jusqu’aux années 1980, celle-ci considérait que « le statut final de Jérusalem ne doit pas être décidé unilatéralement, mais en consultation entre toutes les parties concernées » 5. Mais avec la montée en puissance de l’OLP sur le plan diplomatique, successive à la « reconnaissance mutuelle » entre elle et l’État d’Israël signée en août 1993 dans l’accord d’Oslo, il a été communément admis que l’avenir statutaire de la ville dépendait de la conclusion d’un accord de paix entre les deux adversaires qui revendiquent d’en faire leur capitale : les Israéliens et les Palestiniens.

Depuis, la plupart des États du monde ont fait savoir que, du jour où un accord de paix serait signé, ils recon­naitraient Jérusalem comme capitale d’Israël. Ils feraient de même pour la capitale de l’État de Palestine, si d’aventure l’accord validait cette option que demandent les Palestiniens depuis 24 ans.

Quant aux États-Unis, leur position officielle était que le futur « statut permanent » de Jérusalem devait faire l’objet d’un accord obtenu à l’issue de « négociations bilatérales » entre Israéliens et Palestiniens. En revanche, le Congrès américain a voté en 1995 une loi sur l’ambassade à Jérusalem exigeant une reconnaissance américaine officielle de Jérusalem comme capitale d’Israël, ainsi que le déménagement de l’ambassade américaine. Depuis, plusieurs autres votes du Congrès ont confirmé cette position.

Créteil, capitale de la France ?

Or les administrations américaines s’y étaient toujours refusées. La position officielle de la diplomatie américaine restait invariablement de s’abstenir de soutenir, concernant Jérusalem, toute action risquant de porter préjudice au dit « processus de paix ». Le futur statut de la ville fut ainsi, avec la question des réfugiés palestiniens, celle qui avait le plus fait obstacle à l’obtention d’un accord, en juillet 2000, lors des négociations à Camp David entre Ehud Barak et Yasser Arafat, avec le président Bill Clinton pour entremetteur.

Sur Jérusalem, en particulier, les responsables israéliens avaient alors déjà émis la même idée que celle avancée aujourd’hui : transformer le quartier d’Abou Dis, limitrophe de Jérusalem, en « capitale » palestinienne. Un peu comme si un occupant étranger avait proposé aux Français de faire de Créteil leur capitale.

Le refus israélien de laisser aux Palestiniens la souveraineté sur l’esplanade des Mosquées fut l’un des éléments clé de l’échec de la négociation. Par la suite, deux pourparlers informels, à Taba (janvier 2001) puis ceux ayant abouti à l’accord de Genève (décembre 2003), progressèrent sur la question, en particulier la seconde négociation qui aboutit à un accord de partage de souveraineté sur une ville devenue « capitale des deux États ». À Israël les zones habitées par des juifs, à la future Palestine celles peuplées d’Arabes (un accord détaillé intervint aussi concer­nant l’esplanade des Mosquées-mont du Temple). Cependant ces accords n’ont jamais reçu d’aval officiel.

Ainsi, en reconnaissant Jérusalem comme la capitale d’Israël — qui plus est, sans faire aucune référence à la future capitale palestinienne —, Donald Trump ne rompt pas seulement avec une politique étrangère américaine intangible depuis des décennies. Il tourne aussi le dos au droit international, puisqu’il sort du cadre adopté dans plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.

Personne ne s’en étonnera. Depuis le retrait des États-Unis de la COP21 et le rejet de facto de l’accord nucléaire signé avec Téhéran (et inscrit dans deux résolutions onusiennes), on sait le peu de cas que Trump fait du multilatéralisme en diplomatie.

Télé-évangélisme et un «bashing»

Trump est une personnalité binaire qui ne connait que la « stratégie » de l’imposition brutale de la force. Non pas qu’il ne sache pas reculer si nécessaire – et il l’a plus souvent fait qu’on ne le croit dans sa vie d’homme d’affaires. Mais sa propension première consiste toujours à vouloir imposer à l’ennemi, au concurrent ou même à son allié un rapport de force. Par ailleurs, dans sa gestion de la vie publique comme en politique étrangère, il est prioritairement motivé par l’idée de répondre aux attentes de sa base électorale.

De ce point de vue, tourner le dos au droit international est presque un impératif ! Son cœur de cible est en effet composé pour beaucoup d’évangélistes et de nationalistes américains, c’est-à-dire d’une population pour qui l’UN bashing (le dénigrement systématique de l’ONU) est un sport de combat et le multilatéralisme un insupportable obstacle à la souveraineté des États-Unis.

En deux mots, son électorat « dur » est le plus sensible au slogan « America first ». Après la COP21 et l’Iran, Trump confirme aujourd’hui ses engagements électoraux sur l’enjeu israélo-palestinien, et sa base ne peut que s’en réjouir. Quant à sa scène politique interne, Trump a peu à craindre : le Sénat et la Chambre des représentants sont clairement favorables à son geste au sujet de Jérusalem.

Mercredi, avant son allocution, Trump a proposé au président de l’Autorité palestinienne de venir le rencontrer à Washington. Celui-ci lui a rétorqué qu’il n’avait « pas le temps ». Dès les premières rumeurs, le roi Abdallah de Jordanie et de très nombreux dirigeants arabes ont mis en garde la Maison Blanche sur les risques de déflagration régionale qu’elle prendrait en officialisant sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État juif hors de tout accord politique préalable avec les Palestiniens. Le Hamas palestinien, jamais à court de menaces creuses, a annoncé en ce cas une « nouvelle intifada ».

Ahmed Abou-Gheid, secrétaire général de la Ligue arabe, une organisation quasi moribonde depuis la guerre en Syrie, a estimé que la décision américaine unilatérale allait « alimenter l’extrémisme et le recours à la violence » dans le monde arabe. Des chancelleries européennes ont fait savoir à Washington combien elle serait grosse de dangers. Même le roi Salman d’Arabie saoudite, malgré le peu de cas qu’il fait du sort des Palestiniens, a jugé utile de faire savoir qu’il avait indiqué au président Trump que sa décision ne pouvait qu’ « enflammer les sentiments des musulmans ». 

L’Union européenne a aussi fait part de ses inquiétudes et le président Emmanuel Macron a téléphoné à son homologue américain pour exprimer ses réserves. Aux États-Unis, John Brennan, l’ex-patron de la CIA sous Obama, avait jugé par anticipation « irréfléchie » cette déclaration de Trump qui « rendra tout le Moyen-Orient plus instable ».

Mais le président américain n’a pas renoncé. C’est que l’administration Trump peut légitimement juger que jamais le moment n’a paru aussi favorable à un changement d’attitude radical au Proche-Orient. Car jamais depuis les années 1950 Israël n’y est apparu aussi puissant, bénéficiant d’une latitude d’action et d’une impunité chaque fois plus sidérante ; et jamais les Palestiniens n’ont semblé aussi affaiblis. Depuis l’échec de la seconde intifada (2001-2006), les Palestiniens emmurés sont plus que jamais soumis au bon vouloir de l’occupant israélien. Celui-ci multipliant les colonies et les obstructions quotidiennes à leur possibilité d’une vie normale, ils sont dans l’incapacité absolue d’imposer un changement de cap à Israël.

De plus, entre l’affrontement géostratégique de Riyad avec Téhéran, la guerre en Syrie, l’émergence du djihadisme radical, l’augmentation des conflits armés et des situations de chaos alentour, jamais la question palestinienne n’a autant été minorée qu’aujourd’hui dans l’espace arabe. L’attitude de MBS le démontre jusqu’à la caricature.

Jamais, enfin, Israël n’a entretenu avec des puissances arabes de premier plan comme l’Arabie saoudite, les Émirats du Golfe et l’Égypte, des relations de proximité et d’entente aussi visibles et fondées sur des intérêts conjoncturels convergents.

Peut-être Trump et le prince Mohamed Ben Salman trouveront-ils un Palestinien disposé à accepter une paix aux conditions décrites par les rumeurs récemment diffusées. Le nom qui revient souvent est celui de Mohamed Dahlan, un proche des dirigeants émiratis dont les liens avec la CIA du temps où il était l’homme fort du Fatah à Gaza étaient de notoriété publique. Peut-être cet homme, ou un autre, sera-t-il disposé à régner sur un État croupion aux membres épars où il pourra se déplacer d’un checkpoint israélien à un autre et qu’il appellera Palestine — et à signer une « paix » avec Israël à ces conditions. Néanmoins la tragédie du conflit israélo-palestinien ne saurait qu’en être renforcée à plus long terme. Car le « plan Trump » équivaut à une capitulation palestinienne, au renoncement d’un peuple à son histoire sans autre compensation que quelques sous.

On comprend que Trump le businessman pense qu’il est possible d’« acheter » des dirigeants palestiniens pour qu’ils soumettent leur peuple à ses desiderata. À ceux qui croient réaliste une telle perspective, on rappellera que les Israéliens, durant les vingt premières années d’occupation après la guerre de juin 1967, cherchèrent constamment en Cisjordanie et à Gaza parmi les notabilités locales ou les responsables religieux, des Palestiniens disposés à jouer le rôle de relais soumis et dociles. Ils en trouvèrent quelques-uns, jusqu’à ce qu’en 1987 éclate la première intifada, qui les amena à renoncer à cette chimère et à reconnaître l’OLP comme seul interlocuteur possible.

On comprend aussi que Trump, s’appuyant sur ses deux piliers que sont Israël et l’Arabie saoudite, entend déployer un front uni entre sunnites et Israéliens face au « péril » iranien qu’il a lui-même contribué à mettre en selle en le diabolisant plutôt qu’en acceptant de négocier avec lui. Pour autant, jusqu’ici, les opérations engagées par l’allié saoudien auraient dû le faire réfléchir. Car le « petit prince » MBS va de déboire en échec : dans sa guerre au Yémen, dans son conflit avec le Qatar comme, récemment encore, dans son intervention calamiteuse au Liban contre le Hezbollah (avec l’affaire Hariri), qui n’a fait que renforcer le poids de l’« ennemi » chiite.

Qui sait quel résultat — tout à fait contraire aux espoirs du jeune prince — une reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël aurait à terme sur l’espace musulman, y compris jusqu’à l’intérieur de son propre royaume, bien plus fragile qu’on ne l’imagine ?

SYLVAIN CYPEL                   


Extrait d’un article de Sylvain Cypel publié le 7 décembre 2017 sur l’excellent site OrientXXI.info sous le titre «Jérusalem. Donald Trump rompt avec cinquante ans de politique américaine»

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Notes   [ + ]

1. Raf Sanchez, « “Saudi Arabia doesn’t care about the Palestinians as long as it can make a deal with Israel against Iran”, says former Netanyahu adviser », The Telegraph, 25 novembre 2017.
2. Ce “plan de partage” attribuait à “l’État juif” 56,5% du territoire, pour une population 650.000 personnes (qui possédaient en propre 7% des terres), contre 43,5% du territoire pour une population arabe deux fois plus nombreuse (1,3 million d’habitants). – NDLR
3. Le 17 novembre 1947, douze jours avant l’adoption du plan de partage de la Palestine par l’ONU, le jeune roi Abdallah de Jordanie a promis à Golda Meir que sa Légion, la seule armée arabe digne de ce nom, ne pénétrerait pas dans le territoire accordé par l’ONU à lsraël, en échange de la possibilité d’annexer ce qui resterait, une fois le conflit terminé, de la Cisjordanie…  Cet accord secret se réalisera, on le sait, à l’issue de la guerre judéo-palestinienne, puis israélo-arabe de 1947-1949, à l’issue de laquelle lsraël augmentera son territoire d’un tiers par rapport à ce que prévoyait le plan de partage de l’ONU. – NDLR
4. Ils étaient à  l’époque au nombre de 13. Tous ont alors fermé leur ambassade à Jérusalem.  Voir ICI – NDLR 
5. Lire Scott Anderson et Yishai Schwartz, « How to Move the US Embassy to Jerusalem »Foreign Policy, un résumé de l’évolution de la position américaine.

FPLP : Notre lutte – et non Trump – décidera du sort de Jérusalem

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Le Front populaire de libération de la Palestine a qualifié les propos du président américain Donald Trump de déclaration de guerre au peuple palestinien et à ses droits et ajoute que ce discours révèle clairement la position des États-Unis en tant qu’entité hostile à un peuple et, en outre, partenaire de l’État sioniste dans ses crimes contre le peuple et la terre palestiniens, et c’est sur cette base qu’il convient d’interpeller ce discours.

De plus, le Front a estimé que Trump a également porté le « coup de grâce » à la prétendue solution à deux États, au projet d’implantation et aux tromperies du processus de paix. Il a appelé la direction palestinienne à tirer les leçons nécessaires de l’expérience extrêmement accablante d’avoir compté sur des négociations et sur la domination des Américains ; il l’a également appelée à se retirer immédiatement de l’accord d‘Oslo et à ignorer toutes les obligations annexes de ce dernier.

Le FPLP a appelé les masses palestiniennes et leurs organisations à unir leurs forces et à répondre de façon collective, pratique et décidée à cette décision via l’action et une mobilisation accrue du mouvement populaire.

La bataille pour Jérusalem est une bataille pour toute la Palestine. Pour nous, Jérusalem, c’est Haïfa, Safad, Yafa, Gaza, Ramallah et la moindre ville ou le plus minuscule village de la Palestine.

De plus, le Front a insisté sur la nécessité d’affronter le triangle de la conspiration contre Jérusalem et la Palestine et contre les droits des peuple palestinien et arabe, le triangle constitué par l’impérialisme, le sionisme et les régimes arabes réactionnaires, et d’ouvrir la porte à des options appropriées afin de résister à ces desseins.

Les masses arabes elles aussi rejettent clairement cette décision, qui éclaire plus encore la nature de l’impérialisme américain en tant que principal soutien du terrorisme sioniste dans la région, et ce, dans l’intention constante d’enflammer la région et d’ainsi pouvoir y maintenir son hégémonie.

Jérusalem restera toujours la capitale du peuple palestinien et de l’État de la Palestine ; de plus, l’alliance impérialiste-sioniste ne mènera jamais à bien ses tentatives d’effaçage de l’identité arabe de la ville, ni de son statut dans le monde arabe et islamique.


Publié le 6/12/2017 sur PFLP
Traduction : Jean-Marie Flémal

La réponse palestinienne à l’annonce des États-Unis de la reconnaissance de Jérusalem comme la capitale d’Israël

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L’initiative illégale et anti-palestinienne de l’administration Trump inverse des décennies de politique officielle étatsunienne concernant Jérusalem et contredit le consensus international. La politique de Trump sur la Palestine souligne qu’il est plus que temps que le monde fasse concrètement pression sur Israël pour qu’il respecte les droits des Palestiniens en soutenant notre lutte pour nos droits et notre dignité.

Commentaires du Comité national BDS palestinien (BNC) du 5 décembre 2017, la veille de la déclaration de Trump à propos de Jérusalem.

Le projet déclaré du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem occupée comme la “capitale d’Israël” est une tentative épouvantable de la part d’une administration américaine xénophobe et raciste, dont la propre légitimité est au mieux précaire, de donner une légitimité au contrôle illégal de la ville par Israël. L’initiative illégale et anti-palestinienne de l’administration Trump inverse des décennies de politique officielle américaine concernant Jérusalem et contredit le consensus international.

Les Palestinien.ne.s, soutenu.e.s par l’absolue majorité du monde arabe et par des millions de personnes de conscience à travers le monde, n’accepteront pas cette dernière soumission au programme extrémiste d’Israël. Nous devons persister à obtenir nos droits prévus par l’ONU et à mettre fin au régime d’occupation, au colonialisme de peuplement et à l’apartheid israéliens grâce à la résistance populaire et au mouvement international de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).

Comme Dr. Hanan Ashrawi, s’exprimant pour l’Organisation de Libération de la Palestine, l’a dit, l’administration Trump “est en train de saper l’état de droit international, ainsi que la réputation, la sécurité et les intérêts américains à travers le monde.”

Cette reconnaissance serait, jusqu’alors, la forme de complicité la plus grave de l’administration au renforcement du régime d’apartheid israélien à Jérusalem et à l’accélération de son nettoyage ethnique des indigènes Palestiniens de leur ville.

Cela encourage le gouvernement israélien et les colons illégaux à voler et à détruire davantage de maisons palestiniennes, à exproprier davantage de terre palestinienne et à révoquer les droits davantage de Palestiniens qui sont chez eux à Jérusalem.

Cette dernière initiative de l’administration Trump encourage également Israël à continuer d’empêcher la plupart des Palestiniens des territoires occupés d’entrer dans Jérusalem occupée, y compris pour nous rendre sur nos lieux saints musulmans et chrétiens dans la Vieille Ville, rendre visite à nos familles et amis, avoir accès à des soins médicaux, et faire des affaires. Cette initiative rend légitime la séparation de nombreux Palestiniens de l’un de leurs cœurs culturels, spirituels et politiques.

Cela démontre encore davantage les liens étroits et la vision fanatique du monde entre l’actuelle et irrationnelle administration américaine et son homologue israélienne d’extrême droite. Les deux administrations incitent au racisme et à la xénophobie e et les exploitent et craignent pour leurs intérêts politiques. Cela alimente également la croyance des Israéliens d’extrême droite, y compris les élu.e.s du gouvernement, qu’ils peuvent continuer de régner indéfiniment sur des millions de Palestinien.ne.s sans leur accorder liberté ni droit.

La politique de Trump sur la Palestine souligne l’importance vitale du mouvement BDS pour obtenir la liberté, la justice et l’égalité des Palestinien.ne.s.

Pendant des décennies, les Etats-Unis ont soutenu, excusé et préservé Israël de rendre des comptes pour sa politique de nettoyage ethnique des Palestinien.ne.s, volant notre terre pour y construire des colonies réservées aux Juifs, et niant aux Palestiniens leurs droits devant le droit international à Jérusalem et ailleurs.

Alors qu’il s’engage à financer les agressions militaires et les crimes de guerre d’Israël à hauteur de 38 milliards de dollars sur 10 ans, le gouvernement américain continue de restreindre les financements sociaux pour l’éducation, la santé, l’emploi, la protection de l’environnement et autres besoins de base aux Etats-Unis. Ces graves restrictions affectent les populations les plus marginalisées du pays, particulièrement les personnes de couleur. Ce qui souligne encore davantage le besoin urgent de connecter la lutte palestinienne pour la libération aux luttes pour la justice raciale, sociale, économique et environnementale aux Etats-Unis et au-delà.

Il est plus que temps que le monde fasse concrètement pression sur Israël pour qu’il respecte les droits des Palestiniens en soutenant notre lutte pour les droits et la dignité.

Rappels :

  • Jérusalem Est est reconnue par les Nations Unies comme une partie indissociable du territoire palestinien occupé, et aucun autre état dans le monde ne reconnait Jérusalem (Est ou Ouest) comme étant la capitale d’Israël.
  • L’annexion par Israël de Jérusalem Est est illégale selon le droit international. Lorsqu’Israël fit passer en 1980 une Loi Fondamentale qui déclarait Jérusalem, “complète et unie,” “capital d’Israël,” le Conseil de Sécurité de l’ONU adopta la Résolution 476 déclarant que les “mesures qui ont altéré le caractère géographique, démographique et historique ainsi que le statut de la Ville Sainte de Jérusalem sont nulles et non avenues et constituent une violation flagrante de la Quatrième Convention de Genève relative à la Protection des Personnes Civiles en Temps de Guerre et constitue également une obstruction grave à l’instauration d’une paix d’ensemble, juste et durable au Moyen-Orient.”
  • La Résolution 181 (II) de l’Assemblée Générale de l’ONU désigne Jérusalem comme un tout et ses environs comme “un corpus separatum sous un régime international spécial,” administré par l’ONU.
  • Depuis qu’il occupe militairement Jérusalem Est en 1967, Israël a dépouillé plus de 14 000 Palestinien.ne.s jérusalémites de leur droit à vivre dans leur ville natale. Israël a réclamé la ville et annexé sa partie Est lors d’une initiative maintes fois condamnée et jugée illégale par les Nations Unies et la communauté internationale. Israël délivre rarement à des Palestiniens les permis nécessaires pour pouvoir construire dans la ville, et soumet les Palestiniens à des pratiques violentes et racistes et à une discrimination généralisée quand il s’agit d’éducation et autres services municipaux.

Le Comité National BDS palestinien (BNC) est la plus grande coalition de la société civile palestinienne. Il dirige et soutient le mouvement mondial de Boycott, Désinvestissement et Sanctions pour les droits de Palestiniens.


Publié le 5/12/2017 sur BDS Movement
Traduction: L.Gr pour BDS France

L’ambassade des États-Unis à Jérusalem ? Pas l’an prochain, peut-être bien jamais…

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Le Secrétaire d’État des États-Unis (ministre des Affaires étrangères), Rex Tillerson, a déclaré vendredi que le déména­gement effectif de l’ambassade étatsunienne de Tel Aviv vers Jérusalem n’aura pas lieu avant la fin de 2018, “pour des raisons logistiques”.  Il faudra, a-t-il dit, “au moins deux ans”.

Et il a ajouté que “le statut final de Jérusalem” sera fixé par des négociations entre Israël et les Palestiniens.

Dans sa déclaration incendiaire, Donald Trump a indiqué qu’il donnait instruction au Département d’État de “commencer à préparer le déménagement”, en précisant que cela impliquait de “recruter des architectes, des ingénieurs et des planificateurs” pour bâtir une nouvelle ambassade. On n’en est donc qu’aux tout premiers stades d’un projet complexe et coûteux.

Selon certains observateurs, compte tenu des contraintes techniques, budgétaires et du mode de fonctionnement habituel de l’administration U.S., jusqu’à dix ans peuvent s’écouler avant qu’on inaugure la nouvelle ambassade, et bien des problèmes peuvent surgir avant. Autrement dit Donald Trump ne sera très vraisem­bla­blement plus à la Maison Blanche lorsque sa décision sera suivie d’effet… ou pas.

En d’autres termes, à quoi se résume la “décision historique” de Trump et l’euphorie avec laquelle les dirigeants israéliens l’ont accueillie est-elle justifiée, au-delà des besoins immédiats de la propagande ? Les réactions extatiques de certaines personnalités du mouvement des colons sont véritablement surréalistes (quoiqu’on hésite à employer ce mot tellement galvaudé).

Les paroles des prophètes sortent de la Bible et deviennent des faits sous nos yeux”, a ainsi déclaré à la télévision israélienne le député Likoud Yehuda Glick, figure emblématique du “mouvement du Mont du Temple”. Citant les premières lignes du Livre des Lamentations, dans une référence à Jérusalem, Glick nota que  le prophète Jérémie avait pleuré en s’écriant : «Comme la ville est abandonnée, elle qui fut si pleine de monde ! Elle est comme une veuve, elle qui fut grande parmi les nations !”.  Mais selon lui la montée de l’État d’Israël, associée à la déclara­tion de Trump, a maintenant tout changé, et Glick s’enflamme : “Alors, Monsieur Jérémie, je vous envoie un message WhatsApp : Jérusalem n’est plus seule comme une veuve, c’est la capitale du peuple juif”. Espérons que le prophète Jérémie a le dernier smartphone à la mode au plus haut des cieux !

L’actuel Président des État-Unis, ce n’est pas une révélation, est sans aucun doute le plus étroitement soumis aux intérêts sionistes qu’on ait jamais vu, et en outre nombreux sont les analystes qui ont souligné qu’il cherche avant tout à plaire aux Chrétiens évangélistes, qui constituent une partie importante du noyau dur de son électorat et de ses soutiens financiers. Mais il s’en trouve très peu pour supposer à Trump une vision stratégique cohérente à long ou moyen terme.

Présenter les satisfactions données aux chrétiens évangélistes comme favorables à Israël est – soit dit en passant – assez farce, puisque ceux-ci sont persuadés que la décision de Trump facilitera la construction du troisième Temple” après la destruction des lieux de culte musulmans. La construction du troisième Temple, à son tour, devrait favoriser le retour de Yeshua (Jésus) sur terre, qui sera alors révélé aux Juifs comme le véritable Messie, et donc ils se convertiront tous au christianisme… ! Difficile d’imaginer un édifice idéologique plus radicalement antisioniste,on en conviendra.

A plus court terme, qu’a fait le POTUS 1 le plus pro-israélien de tous les temps, sinon déclarer qu’il est d’accord – contrairement à ses prédécesseurs – pour appliquer une une loi votée par le Congrès en… 1995 ? La position des États-Unis sur la question est donc connue depuis  22 ans et elle n’a pas varié, même si des incohérences ou des dissensions entre le législatif et l’exécutif l’empêchaient de se traduire dans les faits.

Il est donc paradoxal de considérer que la position de Trump, qu’il avait clairement annoncée durant sa campagne électorale, disqualifie désormais les États-Unis pour jouer un rôle d’arbitre dans un quelconque “processus de paix”. L’absurdité consistait à leur reconnaître ce rôle depuis toutes ces années, durant lesquelles les prédécesseurs suc­ces­sifs de l’homme à la chevelure orange n’ont jamais, au grand jamais, été des intermédiaires impartiaux entre Israël et les Palestiniens.

Majed Bamya, diplomate à la mission de l’État de Palestine à l’ONU a certes raison de souligner que “les États-Unis étaient déjà des soutiens forts des Israéliens, mais là ils se sont carrément placés du côté de l’agresseur et ont contribué à l’agression contre le peuple palestinien. Ils se sont décrédibilisés. Ils ne peuvent plus jouer ce rôle [de médiateur]. Les mots qu’on a entendus d’alliés des Etats-Unis au Conseil de sécurité et partout dans le monde disent que cette décision est tellement toxique que même leurs alliés la rejettent avec force. Les Américains viennent de subir un revers majeur dans la région”, mais le positionnement des États-Unis n’a pas changé aussi soudainement qu’il le dit.

Obama, durant la campagne électorale de 2008, n’avait-il pas déclaré devant un auditoire de lobbyistes sionistes en extase : “Tout accord négocié entre Israël et l’Autorité palestinienne doit préserver l’identité d’Israël en tant qu’État juif doté de frontières sûres, reconnues et défendables… et Jérusalem restera la capitale d’Israël et elle doit rester indivise” ?  Et avant lui, à chaque fois dans un contexte de campagne électorale, G.W. Bush et Bill Clinton n’avaient-ils pas tenu des propos du même tonneau ? 

En blanc, les pays qui ne reconnaissent PAS Jérusalem pour la capitale d’Israël et son annexion. En rouge, l’unique État qui a adopté la position inverse depuis 1995.

Du point de vue des Palestiniens, les conséquences de la déclaration de Trump n’ont jusqu’ici pas été dramatiques, à l’exception évidemment des quelques morts causées par l’armée d’occupation lors des manifestations de protes­tation. Le moins que l’on puisse dire est que les pays membres de l’ONU ne se bousculent pas pour suivre les traces de Trump. Au contraire, la plupart se sont précipités pour condamner sa déclaration et déclarer que leur propre position n’a pas changé. Ils confirment au contraire le fait que, comme le dit l’Autorité Palestinienne, Jérusalem-Ouest est à Israël et Jérusalem-Est est la future capitale de l’État de Palestine. Même des pays comme la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne se sont rapidement dissociés de la position étatsunienne. La position de la grande majorité de la “Communauté internationale” est certes discutable, mais elle n’a pas connu de changement qui justifierait le soudain emballement médiatique auquel on a assisté.

Des rassemblements de soutien aux Palestiniens ont eu lieu dans de nombreuses villes à travers l’Europe, et la question a fait les manchettes dans les principaux médias du monde entier. Dans le monde arabe, il y a eu aussi des marches et des manifestations et le message a été clair. Même si leurs régimes sont restés silencieux ou ont réagi de façon tiède à la déclaration de la Maison Blanche, l’opinion publique arabe a massivement soutenu le peuple palestinien.

Il n’est pas faux de dire que les Palestiniens sont diplomatiquement très isolés, en raison en particulier de l’alliance de l’Arabie Saoudite et des régimes arabes les plus réactionnaires avec Israël contre l’Iran, mais c’est un sort qu’il partagent avec les États-Unis, qui eux aussi sont diplomatiquement bien seuls.

La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, vendredi dernier, l’a parfaitement illustré :  la décision américaine « n’est pas conforme aux résolutions du Conseil« , ont affirmé conjointement les ambassadeurs de France, du Royaume-Uni, d’Italie et d’Allemagne auprès de l’ONU.

Riyad Mansour, ambassadeur palestinien au statut d’observateur à l’ONU, a fustigé « une décision irres­pon­sable » de la Maison Blanche. « Nous sommes satisfaits de voir que 14 pays du Conseil de sécurité défendent le droit international, défendent les résolutions du Conseil de sécurité vis à vis de Jérusalem et rejettent les décision unilatérales, illégales prises par le président Trump il y a deux jours » a expliqué Riyad Mansour.

Toute perspective d’annulation de la résolution 2334 du Conseil de sécurité, adoptée le 23 décembre 2016 semble heureusement écartée, même si évidemment on n’est pas dupe quant à son efficacité pratique (Israël a d’emblée annoncé sa volonté de ne s’y conformer en rien, ce qui ne change pas de ses habitudes). Le Conseil de sécurité se montrait clair, sans que les États-Unis opposent leur véto : 

Réaffirmant qu’Israël, Puissance occupante, est tenu de respecter scrupuleusement ses obligations et responsabilités juridiques découlant de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, en date du 12 août 1949, et rappelant l’avis consultatif rendu le 9 juillet 2004 par la Cour internationale de Justice,
Condamnant toutes les mesures visant à modifier la composition démographique, le caractère et le statut du Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, notamment la construction et l’expansion de colonies de peuplement, le transfert de colons israéliens, la confiscation de terres, la destruction de maisons et le déplacement de civils palestiniens, en violation du droit international humanitaire et des résolutions pertinentes,
Constatant avec une vive préoccupation que la poursuite des activités de peuplement israéliennes met gravement en péril la viabilité de la solution des deux États fondée sur les frontières de 1967,
Rappelant l’obligation faite à Israël dans la Feuille de route du Quatuor et approuvée par sa résolution 1515 (2003) de geler toutes ses activités de peuplement, y compris par « croissance naturelle », et de démanteler tous les avant-postes de colonie établis depuis mars 2001,

[…]

  1. Réaffirme que la création par Israël de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, n’a aucun fondement en droit et constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à l’instauration d’une paix globale, juste et durable;
  2. Exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et respecte pleinement toutes les obligations juridiques qui lui incombent à cet égard;
  3. Souligne qu’il ne reconnaîtra aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations;
  4. Souligne qu’il est essentiel qu’Israël mette un terme à toutes ses activités de peuplement pour préserver la solution des deux États, et demande l’adoption immédiate de mesures énergiques afin d’inverser les tendances négatives sur le terrain, qui mettent en péril la solution des deux États;
  5. Demande à tous les États, compte tenu du paragraphe 1 de la présente résolution, de faire une distinction, dans leurs échanges en la matière, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967;

Dans un communiqué, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas a estimé que « les Etats-Unis n’étaient plus qualifiés pour parrainer le processus de paix« . Ce qui à court terme ne change pratiquement rien, puisque le processus de paix d’une part n’est depuis longtemps qu’une face à l’abri de laquelle Israël poursuit la colonisation et l’épuration ethnique, et d’autre part est inexistante ou presque.

On est donc dans une impasse, elle est dramatique, mais pas franchement davantage qu’avant que Trump se paie un de ces coups de pub’ dont il a le secret.

Luc Delval                  

 

Notes   [ + ]

1. President of the United States

Pourquoi l’UE offre-t-elle des croissants au criminel de guerre Netanyahou ?

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Il y a au moins trois mille raisons pour lesquelles Benjamin Netanyahou ne devrait pas être bien accueilli à Bruxelles la semaine prochaine.

Trois mille est le nombre approximatif de Palestiniens tués par les forces israéliennes depuis l’accession de Netanyahou au poste de Premier ministre, en mars 2009.

Netanyahou a commandé deux offensives majeures contre Gaza. Des crimes de guerre ont été perpétrés au cours des deux opérations.

Lui et ses collègues du gouvernement ont approuvé l’expansion des activités d’implantation en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est. Ils ont introduit une série de lois destinées à accroître la discrimination et la répression endurées par les Palestiniens.

Netanyahou a imposé des coupures de courant à la population de Gaza. Il est responsable de la mort de nombre de patients qui se sont vu refuser des soins médicaux adéquats et de la torture d’enfants emprisonnés par Israël.

Netanyahou est un raciste déclaré. Il a décrit les réfugiés africains comme des « infiltrants » et les Arabes comme des « bêtes sauvages ».

Une UE très accommodante

Federica Mogherini, la responsable de la politique étrangère de l’UE, accueillera Benjamin Netanyahou lundi 11 décembre. (Photo : European External Action Service/Flickr)

Pourquoi Netanyahou a-t-il été invité à un « petit déjeuner informel » en tant qu’invité de Federica Mogherini, responsable de la politique étrangère de l’Union européenne ?

Message sur le compte Twitter de EU in Israël  le 5 décembre :

« Nous envisageons d’accueillir ce lundi le Premier ministre Netanyahou à un petit déjeuner informel présidé par Federica Mogherini et auquel participeront les ministres des Affaires étrangères de l’UE. Il s’agit d’une rencontre importante dotée d’un large agenda : processus de paix au Moyen-Orient, relations bilatérales et affaires régionales. »

Pourquoi l’UE offre-t-elle des croissants à un criminel de guerre ?

Que personne ne se méprise sur la manière dont on utilise des termes comme « informel » pour tenter de minimiser l’importance de l’accueil empressé de Netanyahou par l’Union.

L‘UE a renforcé ses relations commerciales avec Israël, depuis que Netanyahou est devenu Premier ministre.

Deux accords importants censés faciliter l’accès des exportateurs israéliens aux marchés de l’Union européenne sont entrés en vigueur, pendant ce temps.

L’UE s’est révélée on ne peut plus accommodante, à l’égard de Netanyahou.

Il y a quelques années, ce dernier se plaignait des efforts en vue d’exclure certaines firmes et institutions opérant en Cisjordanie occupée du programme de recherche scientifique de l’UE.

Si les représentants de l’UE prenaient au sérieux leur engagement déclaré envers les droits de l’homme et les lois internationales, ils auraient résisté aux pressions du gouvernement de Netanyahou. Ils auraient refusé d’accroître leur coopération avec un État qui engloutit littéralement la terre palestinienne.

En lieu et place, l’UE a cédé au harcèlement de Netanyahou. Un accord a été conclu qui habilitait Israël à participer pleinement à Horizon 2020, le dernier en date des programmes scientifiques de l’UE.

L’accord s’est révélé profondément problématique. Le ministère israélien des Sciences est l’un des principaux corps qui coordonnent l’implication de l’État d’Israël dans Horizon 2020.

Le ministère des Sciences n’est pas installé dans l’Israël d’aujourd’hui. Au contraire, ses bureaux principaux se trouvent à Jérusalem-Est occupée.

Des inquiétudes très superficielles

L’accord autour d’Horizon 2020 montre à quel point les inquiétudes exprimées par Federica Mogherini cette semaine à propos de la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, étaient absolument superficielles.

Prenant la parole sur CNN, Mogherini a déclaré que la démarche de Trump avait « quelque peu discrédité les États-Unis en tant que négociateur honnête ».

Un bouffon belliciste comme Trump ne bénéficierait jamais de la moindre crédibilité en tant que négociateur honnête.

À certains égards, Trump a en fait été bien plus honnête que Mogherini.

Trump donne à Israël une carte blanche pour poursuivre son épuration ethnique à Jérusalem.

En coopérant avec les ministères d’Israël installés à Jérusalem-Est, les représentants de l’UE ont fait la même chose – quoique de façon moins effrontée.

Pour célébrer la Journée des droits de l’homme en début de semaine, l’envoyé de l’Union à Tel-Aviv, Emanuele Giaufret, a rendu visite à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Cette université a un campus à Jérusalem-Est occupée. Certains de ces bâtiments sont situés sur des terres confisquées à la ville palestinienne voisine, Issawiyeh.

L’Université hébraïque est une importante bénéficiaire des subsides scientifiques de l’UE. Il en résulte que l’Union accorde un soutien direct à une institution complice de la colonisation de Jérusalem.

Ce fait souligne précisément à quel point Mogherini à fait preuve d’inconsistance cette semaine, lorsqu’elle a tenté d’avoir l’air préoccupé par la déclaration de Trump au sujet de Jérusalem.

Une mantra

Mogherini s’est abstenue de soulever la question de la responsabilité d’Israël dans les destructions que ce dernier a infligées à des projets financés par l’UE.

L’an dernier, elle a déclaré que les gouvernements de l’UE discutaient d’une « possible restitution ou compensation » de la part d’Israël pour avoir détruit des projets d’aide financés par l’UE.

Huit des 28 pays de l’Union ont par la suite protesté contre la confiscation par Israël de panneaux solaires au paiement desquels ils avaient participé.

En n’emboîtant pas le pas à cette action, les 20 autres pays de l’UE et Mogherini en sa qualité de responsable de la politique étrangère délivrent carrément Israël de l’hameçon.

Mogherini répète comme une mantra que l’UE aspire à une solution à deux États et qu’elle souhaite relancer le processus de paix.

Pour nous montrer charitable, disons qu’elle croit peut-être qu’une solution à deux États est possible ou désirable. Néanmoins, à toutes fins utiles, Netanyahou a exclu une telle solution en insistant sur le fait qu’Israël n’abandonnera jamais la moindre de ses colonies en Cisjordanie.

Prendre le petit déjeuner avec Netanyahou ne modifiera pas la comportement de son gouvernement. Au contraire, Netanyahou sera en mesure de quitter Bruxelles en sachant qu’il peut continuer à violer les droits des Palestiniens en toute impunité.

En récompense de ses crimes, on lui a offert des croissants.


Publié le 8/12/2014 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal

David Cronin est l’auteur de Europe’s Alliance With Israel: Aiding the Occupation (Pluto Press, 2011 – L’Alliance de l’Europe avec Israël contribue à l’occupation). Il a participé à la rédaction du rapport “The israeli lobby and the European Union”.
Il a écrit des articles pour de nombreuses publications, dont The Guardian, The Wall Street Journal Europe, European Voice, the Inter Press Service, The Irish Times and The Sunday Tribune. En tant qu’activiste politique, il a tenté d’appliquer un état d’ »arrestation citoyenne » à Tony Blair et Avigdor Lieberman pour crimes contre l’humanité. 

D’autres articles de David Cronin, ou parlant de lui, publiés sur ce site

Lundi, des parlementaires européens présentent la note, très partielle, de ses crimes à Netanyahou : 1,2 milliard d’Euros

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Des membres du Parlement européen ont l’intention – a-t-on appris – de présenter à Benjamin Netanyahou une facture de 1,2 milliard d’Euros, en indemnisation des destructions opérées par l’armée d’occupation israélienne en Cisjordanie, où elle s’en prend régulièrement à des installations financées par l’U.E. au bénéfice de la population palestinienne.

Des affiches ont fait leur apparition, la semaine dernière, dans le hall et les couloirs du Parlement européen, qui présentent au Premier ministre israélien la note de l’U.E. pour la démolition d’une multitude de projets humanitaires payés par les contribuables européens.

Des douzaines de parlementaires européens ont signé une pétition qui accompagne les affiches (et ils ont l’in­tention, semble-t-il, d’acheter une pleine page dans le quotidien Haaretz). Ils souhaitent – ironiquement, on voudrait le croire – la bienvenue à Netanyahou à Bruxelles, où il s’est imposé plus qu’il n’a été invité (de sorte d’ailleurs que sa visite et le petit-déjeuner de travail sont classés “non officiels”), et ils le prient de payer la douloureuse avant de repartir.

Le montant de cette facture est de 1,2 milliard d’Euros et représente le coût de la destruction de nombreux projets humanitaires financés par l’U.E., tous situés en “zone C”, c’est-à-dire en territoire sous le contrôle total d’Israël 1. Parmi les destructions opérées par l’occupant : des installations d’adduction d’eau pour des Bédouins dont les habitations sont régulièrement démolies par les soldats de “l’armée la plus morale du monde”, des constructions pour des écoles ou des jardins d’enfants, des conduites d’eau, des citernes, des panneaux solaires pour la productions d’électricité 2, des plantations d’arbres 3.

Des écoliers palestiniens étudient dans ce qui reste de leur école, rasée par l’armée d’occupation dans le cadre de la politique israélienne de nettoyage ethnique.

Selon les signataires de la pétition, environ 400 projets d’aide humanitaire financés par l’UE et les États membres construits pour les communautés palestiniennes vulnérables en Cisjordanie occupée ont été délibérément démolies ou confisquées par Israël en dehors des hostilités militaires et en violation du droit international humanitaire depuis en 2009, c’est-à-dire depuis que Netanyahou est devenu Premier ministre. Ils précisent que le montant 1,2 milliard d’Euros ne représente pas la valeur totale des installations détruites par Israël, mais uniquement la part qui avait été financée par l’U.E. ou ses États membres. Il ne comprend pas non plus le préjudice subi par les familles palestiniennes à qui ces projets devaient bénéficier, pas davantage que le tort infligé à toute perspective de paix 4.

Cette initiative s’inscrit dans un débat en cours au sein de l’U.E., puisque voilà un an que la commission compétente du Parlement européen avait recommandé que les États membres de l’Union réclament un dédommagement à Israël à chaque fois qu’une infrastructure financée par les Européens serait détruite volontairement ou confisquée. Mais depuis lors rien n’a été fait concrètement. C’est d’autant plus scandaleux que le problème est parfaitement identifié depuis bien longtemps, et qu’on ne peut éviter de conclure qu’il y a une volonté politique délibérée d’assurer à Israël une impunité qui heurte profondément la conscience.

Il est inconcevable que les institutions européennes et les États membres imposent une austérité à leurs citoyens pour tenter de gérer correctement les fonds publics, mais quand il s’agit du gouvernement d’Israël, qui démolit les projets financés par le budget de l’U.E. on ne s’en soucie pas” a déclaré Pascal Durand, parlementaire européen (Verts) qui participe à l’initiative.

Malheureusement, comme bien évidemment le camp sioniste tentait de lui opposer une accusation d’antisémitisme, M. Durand a cru devoir ajouter que les signataires de la pétition ne sont pas hostiles à la visite de Netanyahou à Bruxelles, mais seulement à la destruction de projets humanitaires. C’est bien sûr négliger que le premier ministre israélien est un  criminel de guerre  de la pire espèce, qui ne devrait être reçu nulle part aussi longtemps qu’il ne se conformera pas aux décisions du Conseil de sécurité de l’ONU et aux principes essentiels du droit international. Mais là encore, n’est-ce pas, il s’agit d’Israël et pas d’un vulgaire État arabe indocile comme la Libye ou l’Irak, ou encore d’un État d’Afrique noire dont on pourrait envoyer les dirigeants devant la CPI…

L.D.               

Notes   [ + ]

1. les zones A et B le sont aussi, mais l’occupant est parvenu à se décharger d’un certain nombre de responsabilités qui lui incombent normalement pour les faire endosser par l’Autorité Palestinienne, soi-disant “autonome”, et à faire passer cela pour un progrès vers “la paix” dont en fait il ne veut pas
2. L’occupant refuse de connecter un certain nombre de communautés palestiniennes au réseau de distribution, alors qu’il le fait pour des implantations juives que lui-même déclare illégales tout en les encourageant…
3. 3.200 arbres déracinés dans les environs de Hébron, en 2008, pour lesquels l’U.E. avait déboursé 64.000 €, et ce n’est bien entendu qu’un exemple
4. Il ne s’agit donc pas non plus des projets financés par l’U.E. et détruits par Israël dans la Bande de Gaza, comme l’aéroport international  (financé par l’UE à hauteur de 9,5 millions €).

Daniel Liebmann (UPJB): « Inviter Netanyahu à rencontrer des ministres, c’est une prime à l’impunité »

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Benjamin Netanyahu rencontrait ce lundi à Bruxelles les ministres européens des Affaires étrangères. Une trentaine d’associations – dont l’Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB) – appellent au boycott du leader israélien. Au micro de Matin Première, un coordinateur de l’UPJB, Daniel Liebmann, a accusé Netanyahu d’être un « criminel de guerre ».

Daniel Liebman (UPJB) au rassemblement contre la venue de Netanyahou le 11/12/2017 (Photo : Cecile Harnie) 

Pourquoi s’associer à ce mouvement?

Daniel Liebmann: « On s’y associe de façon tout à fait naturelle. Il y a des précédents. En 1948, Menahem Begin [ancien Premier ministre d’Israël] arrive aux États-Unis. Des juifs lancent un appel : ‘Begin arrive, c’est un terroriste, arrêtez-le ou expulsez-le!’ C’était bien sûr des gens très marginaux mais, parmi eux, il y avait des gens comme Albert Einstein. On est donc dans une ligne qui n’est pas neuve et qui, pour nous, est tout à fait naturelle. »

« Netanyahu est un criminel de guerre aux yeux du droit international. En 2014, 2188 Palestiniens, dont au moins 1658 civils, ont été tués dans les bombardements de Gaza. Alors qu’en face, 66 soldats et 7 civils israéliens avaient été tués par les roquettes du Hamas. C’est donc effectivement un criminel de guerre. »

Le geste de Donald Trump – qui a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël – ne fait-il pas que constater une situation de fait sur le terrain ?

Daniel Liebman: « Le droit international est justement d’interroger les faits et les situations pour voir comment faire du droit avec tout ça. Mais oui, il y a un fait. Autrefois, Jérusalem-Est était une ville arabe cosmopolite où il faisait bon vivre pour les juifs. Aujourd’hui, c’est une ville quasi totalement juive où il fait très mauvais vivre pour les Arabes, qu’ils soient cosmopolites ou non. Il y a un État de fait, mais cet État de fait est illégal et illégitime. Le devoir de ceux qui traitent du droit international -et en particulier l’Europe – est d’interroger ces situations de fait et de créer un autre équilibre. »

L’ambassadrice d’Israël en Belgique a affirmé que Jérusalem est la capitale des juifs et la capitale d’Israël depuis 3000 ans. Qu’en penser?

Daniel Liebmann: « Bienvenue dans le monde de Trump ! C’est bien de ça qu’il s’agit. Le droit international, on s’assied dessus. Ce qui compte, c’est ce qui est écrit dans les vieux textes de la Bible, et peu importe que ces textes soient faux. Selon des archéologues israéliens, notamment Israël Finkelstein, cette histoire de 3000 ans, de roi David, etc., ce n’est pas fondé historiquement. »

« Et même si c’était fondé historiquement, ce n’est pas en évoquant ce qui s’est passé il y a 3000 ans qu’on fait le droit international. Sinon Monsieur Trump pourrait aussi rentrer en Angleterre et ce serait alors les peaux rouges qui devraient prendre la Maison Blanche, les Native Americans. Ils étaient là avant. »

Vous êtes juif de Belgique, est-ce que ce courant progressiste existe en Israël ?

Daniel Liebmann: « Depuis longtemps, il y a des mouvements de solidarité avec la Palestine en Israël. On les entend moins, mais le plus important, ce sont tous ces jeunes qui refusent de servir dans l’armée israélienne. Ils prennent le risque de faire de la prison pour cela, parce qu’ils ne veulent pas porter les armes sur leurs frères palestiniens. Mais bien sûr, on les entend peu vu d’ici. »

Quel est l’avenir de cette région, de ces peuples ?

Daniel Liebmann: « Pour le moment, on va droit dans le mur. Mais un autre avenir est bien entendu possible et surtout souhaitable. Je crois qu’Israéliens et Palestiniens sont amenés à vivre ensemble sur cette terre qu’ils partagent, à vivre ensemble dans l’égalité, la paix et la démocratie. Ça va tout à fait à l’encontre de tout ce qu’est le projet sioniste, mais c’est le seul avenir possible, le seul avenir vivable et souhaitable. »

Et quel rôle peuvent jouer les États-Unis et l’Europe ?

Daniel Liebmann: « Les États-Unis, je ne sais pas, j’ai peur du pire. Mais l’Europe doit absolument reprendre un rôle pour mener à une paix fondée sur le droit international et pas sur la loi du plus fort. En invitant Netanyahu rencontrer des ministres, c’est en fait un cadeau, une prime à l’impunité qu’on lui donne. Ce n’est certainement pas comme ça qu’on doit faire.

« Rétablir un dialogue dans lequel Israéliens et Palestiniens seraient à égalité — ce qui n’a jamais été le cas dans le processus d’Oslo — et où le fondement du dialogue est le droit international, c’est quelque chose qu’une autre Europe pourrait peut-être faire. »


Publié le 11/12/2017 sur RTBF La Prem1ère

Israël accepte de signer avec l’U.E. un accord économique excluant les territoires occupés, y compris Jérusalem-Est

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Selon le quotidien Haaretz, en échange de plusieurs millions d’Euros de crédits de l’Union Européenne, le gouver­nement israélien a accepté pour la première fois, jeudi, de signer un accord qui exclut explicitement les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est et le Golan, de son champ d’application.

L’U.E., qui finance largement l’économie et la recherche israéliennes (en violation de ses propres règles, compte tenu du fait qu’Israël ne respecte pas les dispositions essentielles de l’accord d’association), va donc verser 84,6 millions d’Euros dans le cadre de l’accord dit “CBC MED” .

Haaretz explique que “les objectifs du programme sont de créer des développements socio-économiques, encourager la durabilité environne­mentale, stimuler la mobilité des personnes, des biens et de l’argent entre Israël et l’Europe ainsi que de promouvoir un dialogue culturel et politique, local, entre autres”.

L’UE a décrit le programme comme visant à s’attaquer au «rôle moteur de l’innovation et de la recherche, à l’inclusion sociale et à la lutte contre la pauvreté, et enfin à la protection de l’environnement et à l’adaptation au changement climatique».

Selon la politique constante de l’U.E., l’accord inclut une clause territoriale qui dispose que le financement des projets ne peut pas être étendu aux territoires qui ont été occupés par Israël en 1967, y compris donc Jérusalem-Est et le Golan syrien.

Reste évidemment à voir si ces dispositions seront respectées. Israël viole systématiquement tous les accords que signe son gouvernement, au nom du droit absolu et inaliénable que les sionistes estime avoir face à l’histoire de s’emparer de toute la terre qu’ils convoitent, et non moins classiquement l’impunité lui est garantie par l’U.E. et les pays de la “communauté internationale”.

Leïla Shahid : “pour les Palestiniens, la phase diplomatique est aujourd’hui terminée”

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À l’occasion de l’excellent colloque « 100 ans après la déclaration Balfour et 70 ans après le plan de partition », organisé par l’Institut des études palestiniennes et l’Institut Issam Farès de l’AUB, mercredi et jeudi derniers, « L’Orient-Le Jour » a rencontré Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg. Membre du comité exécutif et du conseil d’administration de l’Institut des études palestiniennes, l’ancienne diplomate réagit à la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et dresse le bilan de la stratégie adoptée par l’Autorité palestinienne depuis le début des années 1990.

Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg. Photo d’archives AFP

La décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël est-elle la preuve ultime de l’échec de la stratégie de non-violence adoptée par l’OLP au début des années 1990 ?

Elle est avant tout une décision dictée par sa politique intérieure et n’a absolument rien à faire avec la diplomatie internationale. C’est pour cela qu’elle a été refusée par tous les États du monde. Le choix du moment est dicté, lui, par l’état du monde arabe qui n’a jamais été aussi divisé et qui mène une guerre soi-disant de religion (sunnite/chiite) aux dépens de la Palestine et des démocraties arabes, pour des ambitions géostratégiques régionales. Mais vous avez raison, cela ne doit pas nous empêcher d’avoir le courage et la lucidité de faire le bilan de nos échecs mais aussi de nos victoires.

Je pense, en effet, que nous nous sommes trompés. Mais il faut replacer cet échec dans l’histoire. Nous sommes arrivés à la fin d’une étape pour le mouvement national palestinien, marquée par plusieurs phases. La première est celle de la lutte armée, menée essentiellement par les Palestiniens en exil, qui a pris fin en 1974 lorsque le mouvement de libération a enfin obtenu une reconnaissance internationale. Il y a eu ensuite une deuxième phase qui a démarré lors de la reconnaissance de l’OLP, lors du discours ovationné de Yasser Arafat aux Nations unies. C’était la première fois que les Palestiniens avaient une patrie symbolique qui réunissait ce que Mahmoud Darwich a appelé « l’éclatement du corps palestinien » en 1948. Oslo a été très important pour Yasser Arafat, parce que c’était le retour d’une patrie vers un sol national. En 1987, lors de la première Intifada, toute la population s’est opposée à l’occupation. La phase de la négociation, la troisième donc, commence après tout cela, à partir de 1990 et après la fin de la guerre froide.

 Je rappelle tout cela car je pense que c’est très important de comprendre la politique actuelle dans un contexte historique à long terme. La phase diplomatique est aujourd’hui terminée et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de prendre ma retraite. Ce n’est pas Trump qui a changé la politique américaine, mais c’est lui qui, par sa stupidité et son ignorance totale au niveau politique et diplomatique, entérine ce que ses prédécesseurs avaient dit à demi-mot.

Quelle est donc l’alternative à la voie diplomatique ? À partir du moment où l’OLP a décidé de poser les armes, est-ce qu’un retour en arrière est possible ?

Il va falloir aller vers une autre méthode. Le peuple palestinien a été héroïque. Près de 70 ans plus tard, les Palestiniens sont plus militants qu’avant et ont un genre de conscience tranquille. Ils ont la justesse de la cause, comme disait Jean Genet, de leur côté. Ils ne sont pas racistes, ils ne fondent pas un État sur une religion, mais un État laïc. Ils n’ont rejeté personne à la mer, comme le prétendent les Israéliens, mais au contraire, ils ont accepté de ne prendre que 22 % de la Palestine pour en donner 78 % aux Israéliens.
Il y a une vitalité, une créativité, un sens de l’invention des méthodes de résistance qu’on a rarement vus dans des exemples d’occupation longue. Je suis éberluée par la créativité sur le plan artistique et culturel.

Je suis ébahie par le courage des mères palestiniennes qui continuent d’envoyer leurs enfants à l’école alors qu’elles ignorent s’ils vont revenir à la maison. Il ne faut jamais parler de revenir en arrière. La deuxième Intifada n’est pas la première et la première n’est pas celle de 1969 dans les camps palestiniens au Liban, dont on ne parle jamais. Les méthodes changent car le peuple est créateur des conditions. Je n’ai absolument pas d’inquiétudes sur le fait qu’ils trouveront quelque chose. Et ce ne sera ni le retour à la lutte armée ni une troisième Intifada, mais quelque chose de nouveau qui sera très difficile à gérer pour les Israéliens. Quand vous vivez 50 ans avec l’armée israélienne, vous commencez à la connaître mieux qu’elle-même, et vous commencez à réaliser quel est son talon d’Achille. Vous pouvez lui faire mal, mais il faut choisir les cibles. Israël ne paie pas du tout le prix de son occupation et de sa politique, de tous ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Cette méthode n’est donc pas encore définie…

Elle ne peut pas être définie parce que nous sommes au bout d’une phase historique des fondateurs du mouvement national dont le président est le dernier représentant. La deuxième génération a été mise en prison, comme c’est le cas de Marwan Barghouti. On saute à une troisième génération, les trentenaires, cosmopolites, polyglottes, qui ont des papiers palestiniens et ont compris comment fonctionne le monde.

Petit à petit, il faut qu’ils prennent le pouvoir. Nous avons besoin d’une nouvelle direction politique plus jeune, plus ouverte sur le reste du monde. Oslo, d’une certaine manière, nous a piégés dans une cage, nous a territorialisés. Oslo nous a fait des fausses promesses pour nous mettre dans un ghetto divisé en plusieurs zones, où on n’a pas le même statut. La nouvelle génération dont je vous parle va être éclatée, comme en 1948. Mais contrairement à 1948, où nous n’étions pas au courant des méthodes de lutte, du droit international, de la malice et du pernicieux d’Israël, cette fois-ci, ce ne sera pas le cas.

Le secrétaire général de l’OLP, Saëb Erekat, a récemment déclaré à « Haaretz » qu’il faut désormais abandonner la solution à deux États et se concentrer sur la lutte pour un seul État avec des droits égaux. Qu’en pensez-vous ?

Cette solution à deux États était sans issue avant même la déclaration de Trump sur Jérusalem, parce que les colonies ont fait en sorte que les territoires palestiniens ne soient pas contigus. Comment peut-on construire un territoire national avec un tel morcellement ? Il y a même des généraux israéliens qui ont dessiné des projets de tunnels et de ponts pour relier les territoires. On se croirait dans 1984 de Georges Orwell ! Seul un système malade psychologiquement peut accepter de vivre dans un État comme celui-là.

Vous adhérez donc à la vision d’un seul État avec des droits égaux ?

La solution à deux États n’est qu’une expression orale, et c’est la réalité géopolitique d’aujourd’hui qui a tué cette solution. Jérusalem est le coup de grâce. Mais elle n’a pas mis fin à notre droit à l’autodétermination, droit inaliénable. Ce qui compte, c’est que nous ayons des droits égaux. Que ce soit dans un système à un État, deux États, d’un condominium ou d’un Benelux moyen-oriental, ce n’est pas important. Mais ce qu’il faut avant tout, c’est une volonté politique de notre part, mais également du côté israélien, et de la communauté internationale, afin de nous aider à y aboutir.

Étant donné la nature de l’État hébreu, ne pensez-vous pas que la solution à un État est encore plus irréaliste que celle à deux États ?

Si, bien sûr. C’est pour cela que j’ai toujours été pour deux États et non pas pour un État, tout simplement parce qu’Israël ne veut pas vivre avec les Palestiniens et ne veut être qu’un État juif. Tout ce qui n’est pas juif ne les intéresse pas. Et c’est de pire en pire, car la société penche de plus en plus vers le nationalisme de droite des colons. Mais, dans le principe, je préfère un État laïc pour tous ses citoyens. Même sur le plan géostratégique mondial, entre les colonies et la déclaration sur Jérusalem, il n’y a plus de place pour un État palestinien. L’opinion a changé à 100 % en vingt ans. Tout le monde connaît aujourd’hui le peuple palestinien et personne n’ignore que nous sommes laïcs, même si nous avons des extrémistes comme tout le monde. Il faut que ce changement de l’opinion devienne une force dans notre travail de communication auprès des jeunes Arabes, des jeunes Occidentaux et des jeunes Israéliens.

La décision de Trump a fait l’unanimité contre elle et la communauté internationale a rappelé son attachement à la solution à deux États. Ce ne sont que des déclarations de principe selon vous ?

Bien sûr, ce sont des déclarations de principe, parce que ces États ne se sont jamais appliqués à les mettre en œuvre ni même à prendre une seule sanction. Poutine annexe la Crimée et d’un coup, il y a une série de sanctions et des ruptures diplomatiques… Les Israéliens annexent Jérusalem, la capitale de toutes les religions monothéistes, mais aucun d’entre eux n’a pris une seule sanction contre Israël. Parce que ce dernier joue très bien la carte de la culpabilité et du génocide, mais également la carte commerciale. Comme il est le 51e État des États-Unis, il possède une technologie de pointe, une économie formidable, une industrie militaire très importante qu’il vend à tous les pays fascistes du monde et il a une armée très puissante. Donc ils sont très efficaces dans la pression qu’ils font sur l’Europe. J’ai été ambassadrice en Europe pendant 10 ans, et il faut le reconnaître, nous ne sommes pas efficaces parce que nous ne savons pas utiliser les armes économiques, les sanctions. Nous avons uniquement réussi une chose, c’est le BDS (boycott des investissements et des sanctions), comme campagne chez les citoyens, mais aucun pays n’a suivi pour l’instant. Ceux qui ont le mieux suivi le BDS, c’est surprenant, ce sont les juifs libéraux et progressistes américains et britanniques, beaucoup plus que les populations du monde arabe et bien plus que les Palestiniens eux-mêmes.

Les dirigeants arabes font-ils assez pour la cause palestinienne ?

Pas du tout. Aujourd’hui, certains complotent même. Lorsque le conflit avec l’Iran (sur la question du nucléaire) a commencé, Tzipi Livni (ministre israélienne des Affaires étrangères) m’avait dit à Bruxelles que ce que me disaient les ambassadeurs arabes n’était pas ce qu’ils lui disaient à elle, donc aux Israéliens. Je suis allée leur poser la question directement et l’un d’entre eux, dont je tairai le nom, m’a avoué que l’Iran était une plus grande menace pour eux que ne l’est Israël. Il est évident que la direction du monde arabe mais également ses citoyens ne se mobilisent pas. L’esprit des printemps arabes est encore sous-jacent, mais il faut quelqu’un pour lui donner un peu d’adrénaline.

Durant ces dernières semaines, il a beaucoup été question de la réconciliation palestinienne entre le Hamas et le Fateh…

Oui, et je n’y crois pas beaucoup. Nous sommes idéologiquement très différents. Nous sommes en grande majorité laïcs. Je suis le produit de l’OLP. Arafat avait certes la foi, mais il considérait que c’était une affaire personnelle. Le Hamas vient vraiment d’une tradition des Frères musulmans, qui a un autre projet social, celui d’appliquer la charia, et il pense que ce qui est important, ce n’est pas la nation palestinienne mais la oumma dont les frontières s’étendent jusqu’en Indonésie. Mais, dans le même temps, le Hamas représente un courant en Palestine. Je pense qu’ils n’ont accepté la réconciliation que lorsqu’ils ont senti qu’ils étaient en train de perdre de leur popularité, que l’Égypte leur a fermé la porte, etc. Ils se sont dit qu’il leur fallait donner ce cadeau empoisonné qui est de gérer Gaza à Abbas. La déclaration sur Jérusalem a été le plus beau cadeau qu’ils pouvaient recevoir. Ce cadeau risque de transformer la cause palestinienne en une guerre de religions. C’est ce que souhaiteraient Trump et Netanyahu.

Quitte à faire oublier que la stratégie de la lutte armée peut aussi être considérée comme un réel échec…

Non, pas du tout. Chaque phase de notre histoire a eu la stratégie que la réalité imposait. La lutte armée a été le fondateur du mouvement national contemporain, après une longue phase où le monde nous considérait uniquement comme une question humanitaire de réfugiés dans le monde arabe. Elle a aussi permis d’unifier les Palestiniens sous l’égide de l’OLP depuis 1964. Puis il y a eu les phases de la reconnaissance politique et diplomatique arabe et internationale dont on a parlé au début. Aujourd’hui, l’échec des militants des organisations qui continuent la lutte armée est plus dû aux cibles qu’ils cherchent à frapper qu’au principe de la lutte armée, qui est un droit reconnu à tous les peuples qui luttent contre la colonisation. Si ces cibles étaient mieux choisies, ces mouvements auraient contribué à renforcer la stratégie diplomatique de l’OLP au lieu de servir d’alibi pour nos ennemis, où qu’ils soient, comme si notre lutte pouvait être assimilée au terrorisme internationale.


Propos recueillis par Caroline Hayek et Anthony Samrani
Publié le 16/12/2017 sur L’Orient Le Jour

Abla Sa’adat : La détention administrative est un danger permanent pour tous les Palestiniens

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Abla Sa’adat, épouse du secrétaire général du FPLP, Ahmad Sa’adat (emprisonné depuis 11 ans) et responsable d’Union des Comités des femmes palestiniennes est active sur le terrain pour tous les prisonniers palestiniens. Elle était à Bruxelles ce 15 décembre et invitée à une conférence organisée par la Communauté palestinienne de Belgique, avec la présence d’Abdalrahim Alfarra, ambassadeur palestinien en en Belgique.

De gauche à droite : Hamdan Al Damiri, Abla Sa’adat, Abdalrahim Alfarra (photo Pour la Palestine, MDL)

Abla a d’abord montré une vidéo sur l’emprison­nement des enfants palestiniens. Cette vidéo a été réalisée avec la collaboration de Salah Hamouri. Salah, franco-palestinien qui a connu la prison israélienne, a été libéré lors de l’échange des prisonniers palestiniens avec le soldat israélien Gilad Shalit.

Il a fait des études de droit, est devenu avocat et défenseur des prisonniers palestiniens au sein de l’association Addameer. Il a de nouveau été arrêté sous le régime de la détention administrative. Une importante campagne de solidarité se développe maintenant pour la libération de Salah, principalement en France.

Dans son intervention, Abla tire l’attention sur la détention administrative, l’emprisonnement des enfants, les parlementaires arrêtés et emprisonnés ainsi que sur les conditions de détention.

Sur le nombre total de prisonniers (un chiffre qui varie, selon les arrestations/libérations), il y a pour l’instant 500 prisonniers qui se trouvent sous le régime de la « détention administrative ». Ce régime permet d’arrêter n’importe qui, n’importe quand, sans jugement, sans procès, de six mois en six mois. Il y a des Palestiniens qui ont passé 10 ans en détention administrative : on les arrête pour 6 mois, 1 an… on les relâche, on les arrête de nouveau pour 6 mois, 1 an, 2 ans… Khalida Jarrar, parlementaire palestinienne, connaît ce sort. Elle avait déjà été arrêtée, puis libérée, puis de nouveau arrêtée… Elle devrait sortir à la fin de ce mois, on l’espère, mais rien n’est certain.

Ci-dessous, quelques extraits de ses propos.

Sur l’écran, on voit l’image de Salah Hamouri, actuellement de nouveau en prison. Salah avait participé à la réalisation de la vidéo sur les enfants emprisonnés. (Photo : Pour la Palestine, MDL)

La détention administrative est illégale et injuste. Il faut absolument y mettre un terme. Les Israéliens s’appuient pour l’appliquer sur une loi qui date du mandat britannique. C’est un danger permanent pour l’ensemble des Palestiniens.

L’emprisonnement des enfants palestiniens

Il y a actuellement 400 jeunes et enfants de moins de 18 ans dans les prisons israéliennes, parmi lesquels 8 jeunes filles. L’emprisonnement des enfants fait souffrir les familles. Ces enfants sont torturés psychologiquement dès leur entrée dans la « bosta », la jeep israélienne, ils continuent également de l’être une fois en prison. On a pu voir sur vidéo l’interrogatoire de l’enfant Ahmad Manasraha, qui crie sa peine face à ceux qui l’interrogent. Son cas n’est pas unique.

En plus, il arrive qu’on exige des familles qu’elles paient pour la libération de leur enfant. Une famille d’un enfant de 16 ans a dû payer un million de shekels (250.000 €) !

En fait, tout cela fait partie d’une volonté politique, chez les autorités israéliennes, de pousser les familles palestiniennes à quitter Jérusalem.

La rupture entre les prisonniers et leur famille

Le droit de visite des prisonniers n’est pas respecté. Sur les 7000 prisonniers, seuls 2000 reçoivent de la visite. Il y a une rupture totale entre les prisonniers et leur famille. Les parents des prisonniers meurent, leurs enfants grandissent sans qu’ils les voient. Il y a des Palestiniens qui ont été arrêtés quand ils étaient jeunes. Quand ils sortent à l’âge de 50, 60 ans, c’est une autre personne qui sort.

Les visites aux prisonniers nous prennent beaucoup de temps. J’habite Jérusalem. Pour aller voir Ahmad et passer les checkpoints, je dois partir à 3 h et demi du matin et je rentre à 16 h. Je ne peux voir mon mari que 45 minutes. Je ne le vois pas directement, mais à travers une barrière en verre. On se parle avec un téléphone. Parfois on entend mal, car beaucoup de personnes parlent en même temps. Parfois la conversation est brutalement coupée, car on est arrivé à la fin des 45 minutes. C’est difficile, mais c’est extrêmement important d’aller le voir.

J’ai quatre enfants. Trois enfants ont une carte d’identité de la Cisjordanie. Ils n’ont vu leur père qu’une seule fois en 11 années. Mon fils Yasar a pu m’accompagner jusqu’à l’âge de 16 ans. Puis il a dû attendre jusqu’à ses 23 ans pour pouvoir visiter son père de nouveau. Il se fait que j’étais à l’étranger et que Yasar s’est rendu seul à la prison. Ahmad a été prévenu qu’il avait une visite, mais il ne savait pas qui allait venir. Il m’a cherchée en vain. Puis il a vu qu’un jeune homme attendait devant une fenêtre. Il a demandé qui il était. Il n’avait pas reconnu son fils…

La même chose est arrivée à un prisonnier qui est resté 30 ans en prison. Pour être près de son père, son fils a fait une action pour provoquer son arrestation. C’était le seul moyen de voir son père. Une fois en prison, il a demandé d’être envoyé dans la prison où son père se trouvait. Dans la cour, il a couru vers son père pour l’embrasser, le père n’a pas reconnu le fils…

Mon mari Ahmad n’a pas encore vu ses petits-enfants. Parce que pour la troisième génération, il n’y a pas de droit de visite. C’était différent dans les années 1970 et 1980. On se rend compte que, plus l’occupation se poursuit, plus les occupants inventent des méthodes pour faire un maximum de mal aux prisonniers et à leurs familles.

Les parlementaires emprisonnés

Il y a actuellement 13 parlementaires élus dans les prisons israéliennes, parmi lesquels Ahmad Sa’adat, Marwan Barghouti, Aziz Dweik, le président du parlement palestinien (qui a maintenant 77 ans)… Dans tout autre pays, les parlementaires bénéficient d’une immunité parlementaire. Israël ne respecte pas ce droit. La communauté internationale était présente en tant qu’observatrice lors des élections. Il faut qu’elle réagisse. Nous devons mener une campagne pour la libération des dirigeants du peuple palestinien, pour qu’ils puissent continuer de jouer leur rôle de responsables.

Vous pouvez entendre l’intervention d’Abla Sa’adat en arabe, traduit vers le français par Hamdan Al Damiri ci-dessous :

1ère partie (±18 min.) : la complexité du problème

      1ère partie

2ème partie (±18 min.) : les visites aux prisonniers, les enfants particulièrement touchés 

      2ème partie

3ème partie (±13 min.) : les liens familiaux à rude épreuve

      3ème partie

Lors du débat, deux Palestiniens témoignent de leur propre emprisonnement. L’un a été emprisonné pendant 7 ans, l’autre pendant 17 ans.  Mustafa Awad (Samidoun, réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens) rappelle le sort inhumain qu’on connu les prisonniers palestiniens dans les camps d’Ansar et Khiam au Liban et appelle au soutien à la campagne pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, détenu depuis plus de 33 ans en France.


La Plate-forme Charleroi-Palestine soutient la campagne d’information de DCI-Palestine pour les enfants palestiniens : « Connaissez vos droits » .

Versez votre soutien sur le compte BE90 7512 0438 7932 de la Plate-forme Charleroi-Palestine avec la mention : soutien campagne DCI-Palestine.

Quand un haut fonctionnaire des services de renseignement israéliens menace des citoyens européens de mort

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Aux yeux des Services de renseignement israéliens, il ne suffit plus que les citoyens israéliens opposés à la politique colonialiste du gouvernement vivent dans la peur d’être persécutés pour leurs opinions,  ils veulent maintenant étendre la menace aux citoyens du monde entier. Ainsi, il semble que nous ayons atteint un point où un représentant d’un organisme gouvernemental israélien peut menacer les citoyens d’un pays étranger qui exercent leur droit démocratique de protester.

Après qu’un drapeau israélien ait été brûlé lors d’une manifestation à Berlin, le responsable des relations interna­tionales du ministère israélien des services de renseignement a déclaré sur Facebook que les activistes pro-palestiniens allemands doivent désormais «vivre dans la peur».

Le 15 décembre, le Major Arye Sharuz Shalicar 1 a publié un article sur sa page Facebook personnelle, dans lequel il a partagé un reportage du journal allemand Die Welt sur les forces de sécurité israéliennes, qui ont utilisé des tirs à balles réelles pour réprimer une manifestation à la périphérie de Ramallah.

Les manifestations en Palestine, contre la décision de Trump de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, ont aussi provoqué des manifestations de protestation à travers le monde, y compris en Allemagne.

Et le fonctionnaire israélien souhaitait faire passer un message aux protestataires :

PARTAGEZ S’IL VOUS PLAIT! Le message de cet article est destiné à tous ceux qui, en Allemagne, pensent pouvoir brûler impunément une étoile de David en public. Nous savons qui vous êtes, et où vous êtes, et comment vous amener à la justice. Nous décidons où et quand. Vivez dans la peur ! 

Ces derniers jours, les médias allemands ont été inondés de rapports et d’analyses sur l’incendie d’un drapeau israélien lors d’une manifestation à Berlin. En réponse, les politiciens des partis centristes, ainsi que le Conseil central des Juifs en Allemagne, ont appelé à sanctionner pénalement le fait de brûler un drapeau, et en particulier un drapeau israélien. 

Palestinians burn an Israeli flag during a protest against the U.S. President Donald Trump’s declaration to recognize Jerusalem as the capital of Israel, Gaza City, Gaza Strip, December 7, 2017. (Ezz Zanoun/Activestills.org)

Les articles de presse sont pleins de distorsions, qui présentent les manifestations contre l’occupation israélienne – et dans ce cas contre les provocations de Trump à propos de Jérusalem – comme des manifestations d’antisémitisme. La boucle est ainsi bouclée : les sionistes s’approprient la communauté juive et ses symboles, les mettent au service de l’occu­pation, et s’en servent pour dépeindre les protestations pro-palestinienne comme antisémites.

Or le drapeau bleu et blanc frappé de l’étoile de David n’est pas seulement un symbole juif, c’est avant tout un drapeau national qui est devenu un symbole d’occupation et d’oppres­sion du peuple palestinien. Pourquoi des gens devraient-ils s’abstenir de brûler un symbole de leur propre oppression ? Le fait qu’Israël se refuse à faire la distinction entre symboles religieux, ethniques et ceux de l’État ne doit pas porter atteinte à la liberté de qui que ce soit, en particulier à l’étranger.

Critiqué notamment sur les réseaux sociaux pour avoir ainsi proféré des menaces non voilées – la présence dans cette publication sur Facebook d’une photo d’un policier israélien travesti en Palestinien 2 et brandissant une arme de poing n’ayant évidemment rien d’innocent – afin de réprimer la liberté d’expression de citoyens européens, le fonctionnaires des services de renseignement israélien s’est défendu comme il a pu, à la manière des authentiques antisémites qui ne manquent jamais d’assurer qu’ils ont “d’excellents amis juifs” (qu’ils seront le cas échéant ravis de voir partir s’établir en Israël, loin d’eux) :

«Ceci est ma page privée. Je suis née et j’ai grandi en Allemagne et j’ai fait face à des centaines d’attaques antisémites de la part de jeunes musulmans. Il est inconcevable qu’ils menacent les Juifs et brûlent les symboles juifs / israéliens. Cela me blesse personnellement et je ne suis plus disposé à le tolérer. Je dois aussi ajouter que j’ai eu et continue d’avoir des amis musulmans en Allemagne qui en ont aussi assez, car le comportement violent de quelques milliers donne à l’Allemand moyen le senti­ment que toute personne d’origine moyen-orientale / arabe / musulmane est un radical, ce qui est entièrement faux, et cela ne fait que renforcer la droite radicale

 Bref, le brave fonctionnaire des services de renseignement israélien n’est qu’un démocrate incompris. Mais il vous invite quand même à vivre dans la peur, et il garde une arme à portée de la main… 

L.D. (avec Inna Michaeli, sur +972)              

 

Notes   [ + ]

1. Bien que sa page Facebook l’identifie comme un «ancien» porte-parole, Shalicar fournit toujours une adresse électronique officielle de l’armée israélienne comme contact : shalicar@idf.gov.il. On peut en déduire qu’il n’est pas aussi en retrait du service qu’il le prétend.
2. Il s’agit des tristement célèbres mistaravim, des policiers ou militaires israéliens déguisés qui s’infiltrent dans les manifestations de Palestiniens dans les territoires occupés, et ensuite participent à l’enlèvement ou à l’assassinat de militants. Ils ont déployé leurs talents de tueurs à gage jusqu’à l’intérieur des hôpitaux, où ils se sont occasionnellement introduits pour exécuter des blessés.

La colère mondiale envers Trump donne une ligne d’action claire aux Palestiniens

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Le président des Etats-Unis Donald Trump a pris la décision de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël. Oubliez le droit international, l’ONU et les résolutions du Conseil de Sécurité, la réaction des Arabes et des Musulmans ! Le président des Etats-Unis d’Amérique n’en a rien à faire. Si le monde n’est pas d’accord, il peut bien aller se taper la tête contre le Mur des Lamentations !

Qu’est-ce que Jérusalem?

Jérusalem c’est Zarnouqa, le village dont un nettoyage ethnique chassa ma famille ainsi que des milliers d’autres villageois en 1948 afin de faire de la place pour les Juifs ashkénazes d’Europe de l’Est, un état purement juif, comme celui de l’Apartheid d’Afrique du Sud et d’autres colonies, du genre qui ne te donne pas la citoyenneté à moins que tu ne sois né d’une mère juive.

Hélas, ma mère n’était pas juive et, par conséquent, on s’attend à ce que je vive dans un camp de réfugiés, que j’accepte ma condition inférieure, et que je n’envisage jamais de prier dans l’un des lieux les plus saints de l’Islam, du Christianisme ou du Judaïsme.

Le président Trump croit, en toute sincérité, que nous sommes né.e.s biologiquement différent.e.s et que, par conséquent, certain.e.s d’entre nous n’ont pas le droit d’exister et de survivre sur ce morceau de terre, sauf si nous choisissons d’être esclaves et de leur en être reconnaissant.e.s !

Que devons-nous faire ?

Premièrement, nous ne devons pas chercher le consentement des Israéliens sionistes. Plus de 23 ans de négociations, façon Oslo, ne nous ont menés à rien. Ces soi-disant négociations ont à l’inverse prolongé l’occupation et donné à Israël toutes les opportunités de rendre impossible l’établissement ne serait-ce que d’un semi-bantoustan.

En fait, nous voulons faire en sorte d’isoler Israël, par la résistance et en exigeant que la communauté internationale applique les résolutions de légitimité internationale, et qu’elle oblige Israël à répondre à ces décisions internationales. Par conséquent, nous ne devons pas prendre en compte les exigences du colonisateur car, malheureusement, elles sont pires que celles des Blancs d’Afrique du Sud pendant l’apartheid. Elles finiront par nous mener à l’élimination totale de la population indigène de Palestine. C’est un processus de nettoyage ethnique systématique qui se déroule depuis 1948.

Nous devons donc faire de ce moment notre tournant sud-africain en intensifiant le #BDS. Nous devons transformer cette colère mondiale en un plan d’action qui prenne pour flambeau vers la paix et la justice en Palestine, le Boycott, Désinvestissement et Sanctions.

Photo : Zuheir Sebiy

Il est temps de se débarrasser de la solution raciste à deux états, de renoncer aux Accords d’Oslo, et d’inventer une alternative démocratique, une alternative qui ne nie pas l’humanité des habitants de la Palestine historique en dépit de leur religion, de leur race ou de leur genre !

On ne s’attend pas à ce que le président Trump soit d’accord avec ces idéaux démocratiques, mais qui s’en soucie ? N’était-ce pas pour ces idéaux que Nelson Mandela était prêt à mourir, comme il l’a très clairement fait savoir lors du Procès de Rivonia ? Nous sommes 12 millions de Mandela en Palestine.


Publié le 9/12/2017 sur Mondoweiss
Traduction : LG pour l’Agence Média Palestine

haidar eid 2Haidar Eid est écrivain et professeur de littérature postcoloniale à l’université Al-Aqsa à Gaza, après avoir enseigné dans plusieurs universités à l’étranger. Vétéran dans le mouvement des droits nationaux palestiniens, c’est un commentateur politique indépendant, auteur de nombreux articles sur la situation en Palestine.

D’autres articles de Haidar Eid ou parlant de lui sont disponibles sur ce site

22 décembre, journée d’action en vue de la libération d’Ahed Tamimi et des autres enfants palestiniens prisonniers

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Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network se joint à l’appel collectif à l’action en vue de protester et de mobiliser au niveau international, le vendredi 22 décembre, en solidarité avec Ahed Tamimi et les autres enfants palestiniens prisonniers et afin de réclamer leur remise en liberté immédiate. Nous invitons instamment les organisations à rallier cet appel à l’action, publié une nouvelle fois ci-dessous. Signez le formulaire Google.

Des événements vont d’ores et déjà être organisés dans nombre de villes du monde entier : une manifestation à New York City le 22 décembre, des actions à Londres et Manchester le 23 décembre, des manifestations pour la Palestine les 22 et 23 décembre à Montréal, Berlin, Bruxelles, Athènes et Milan, qui comprendront des appels à la libération d’Ahed Tamimi et de tous les prisonniers palestiniens. Découvrez ICI la liste complète des manifestations

Nous ajouterons d’autres événements encore à cette liste lorsque nous en saurons plus à leur propos. Prière de nous adresser un courriel à samidoun@samidoun.net ou un message sur Facebook afin de nous en dire plus sur ce que vous avez prévu pour la Journée d’action et pour la Palestine.

Vous pouvez télécharger des affiches et flyers (en anglais) ICI.


Publié le 20/12/2017  sur Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network
Traduction : Jean-Marie Flémal

Le rassemblement à Bruxelles « Jérusalem, capital de la Palestine » a lieu le vendredi 22 décembre, à 17 h, devant l’ambassade américaine (boulevard du Régent). Organisation : la Communauté palestinienne de Belgique et du Luxembourg.

L’échec d’Israël et des États-Unis devant l’Assemblée générale de l’ONU est particulièrement cuisant

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L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, a prononcé lors de la discussion devant l’Assemblée générale de la motion contre la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d’Israël par les États-Unis, un des discours les plus étranges qui soient.

N’a-t-il pas prétendu que tous les États membres de l’ONU qui n’appuient pas la position de Trump ne sont que des marionnettes dont les Palestiniens tirent les ficelles ?  C’est  non seulement insultant pour les 164 États souverains en question 1, mais c’est quand même attribuer à l’État de Palestine un pouvoir assez démesuré si on veut bien se souvenir qu’il est minuscule, économiquement martyrisé, militairement inexistant et financièrement asphyxié… 

Cela ne fait que souligner à quel point Israël est honni par la quasi-totalité de la communauté internationale 2.

Quels sont en effet les pays qui ont soutenu la position des États-Unis et d’Israël ?
Des 9 votes qui leur ont été favorables, il faut logiquement retrancher les voix d’Israël et des États-Unis eux-mêmes. On imagine mal qu’ils aient pu voter pour condamner leur propre position.
On peut difficilement accorder une grande crédibilité aux votes des Îles Marshall, de la Micronésie, de Nauru et de Palau, États microscopiques qui votent toujours automatiquement comme les États-Unis pour la bonne raison qu’ils ne sont rien d’autre que des colonies étatsuniennes dispersées dans l’Océan Pacifique 3.

Restent le Guatemala (qui a reconnu la Palestine comme un État souverain depuis 2013), le Honduras (où un coup d’État ultra-réactionnaire est en cours depuis le mois de novembre) et le Togo, trois pays dont le rayonnement sur la scène diplomatique internationale n’est pas la caractéristique principale.

Enfin, il ne faudrait pas oublier que puisque Israël a pu participer au vote, il n’est pas illogique de penser que l’État de Palestine devait normalement, en équité, avoir le même droit. 

Le résultat, pays par pays, du vote sur la résolution de rejet de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Une claque magistrale pour les États-Unis et Israël

Pour analyser la signification politique de ce vote historique, il faut examiner aussi certaines abstentions (soit sous la forme d’un vote d’abstention, soit sous la forme d’une non-participation au vote).

Il faut en premier lieu constater que plusieurs pays de l’Union Européenne se sont abstenus – la Croatie, la Hongrie, la République tchèque, la Lettonie, la Pologne, la Roumanie, la Grèce et Chypre –, ce qui indique que les membres de l’U.E. ne sont pas aussi unis que l’a proclamé Federica Mogherini après la visite de Netanyahou à Bruxelles le 11 décembre.

Cette visite de Netanyahou, qui s’était auto-invité au sommet des Ministres des Affaires étrangères européens, fut un échec – et même un échec cuisant si on en juge par le fait que l’Allemagne, qui jusqu’ici n’avait jamais voté contre Israël dans les enceintes diplomatiques a cette fois voté pour la motion – mais il n’en reste pas moins que l’unanimité affichée par l’U.E. est à tout le moins fragile et fissurée. Les raisons précises pour lesquelles chaque pays a déterminé son attitude ne sont cependant pas faciles à discerner, mais on ne peut s’empêcher de noter que les pays de l’U.E. qui se sont ainsi montrés relativement plus favorables à la position israélienne sont aussi ceux dont les gouvernements sont les plus réactionnaires. Le lien de cause à effet fait peu de doute.

Hors de l’Europe, l’échec diplomatique que partagent Trump et Netanyahou n’est pas moins humiliant, au contraire.

Ainsi, par exemple, le fait que la Chine  (1,4 milliard d’habitants) et la Russie (144 millions d’habitants) 4 ainsi que l’Inde (1,3 milliard d’habitants) ont tous trois voté en faveur de la résolution, est quand même un peu plus significatif que l’abstention des Îles Salomon (dans le sud-ouest du Pacifique, dont la population est sensiblement égale à celle de l’agglomération de Charleroi). C’est d’autant plus frappant que Netanyahou s’était récemment glorifié d’avoir tissé avec le Premier ministre de l’Inde des relations particulièrement étroites et chaleureuses à l’occasion de sa visite en Israël en juillet dernier.

Les efforts diplomatiques personnels de Netanyahou 5 ont d’ailleurs, plus globalement été particulièrement peu fructueux, puisque (hormis bien entendu les États-Unis), aucun des pays où il a effectué récemment une visite diplomatique – Russie, Hongrie, Liberia, Kenya 6, Argentine, Colombie, Mexique, France, Belgique, Grande-Bretagne, GrèceChine, Singapour et Australie – n’a voté contre la résolution. Pas un seul de ces pays visités par Netanyahou  n’a donc été sensible au charme si personnel de “Bibi”.

Les efforts désespérés des diplomates israéliens avant la réunion de l’Assemblée générale de l’ONU n’ont pas été couronnés de plus de succès. Dans un premier temps, Israël tenta de persuader le plus grand nombre possible de pays de voter contre la résolution, mais en constatant que les menaces de représailles étatsuniennes ne donnaient pas les résultats escomptés, l’effort principal des diplomates israéliens consista à persuader les dirigeants étrangers de s’abstenir ou à la rigueur de partir un peu plus tôt que prévu pour les vacances de Noël et de ne pas participer au vote. Et en tous dernier recours, au moins voulaient-ils bien écourter ou édulcorer leur discours ?

Peine perdue, pour l’essentiel. Reste que l’ONU étant ce qu’elle est les résolutions votées par l’Assemblée générale n’ont pas de valeur contraignante, contrairement à celles du Conseil de sécurité (dont d’ailleurs Israël se moque éperdument et en toute impunité).

Une argumentation particulièrement indigente

On ne saura sans doute jamais jusqu’à quel point l’attitude insultante et puérile de Donald Trump, qui à plusieurs reprises a menacé de représailles les pays qui ne se plieraient pas à son injonction de voter contre la résolution, a décidé certains pays à faire exactement l’inverser de ce qu’il exigeait.

C’est presque certainement le cas du Canada, qui généralement s’aligne sur les positions de Washington, mais qui s’est abstenu juste pour qu’il ne soit pas dit que c’est Trump qui commande à Ottawa.

Tout aussi remarquable est le fait que le chantage financier de Trump ne paie pas :  parmi les dix pays qui bénéficient de l’aide financière la plus massive des États-Unis, UN SEUL a voté comme l’exigeait Trump… et il s’agit d’Israël (voir le tableau ci-dessus).

Certains pays pauvres et faibles ont eu une réaction salutaire face au chantage brutal et grossier de Trump, à l’instar du Botswana, dont le communiqué officiel de réaction est savoureux (pour le lire cliquez ICI).

Ce n’est certainement pas l’argumentation particulièrement indigente de l’ambassadeur israélien devant l’Assemblée générale de l’ONU qui aura fait changer d’avis qui que ce soit. Quand il eut fini d’insulter le monde (presque) entier, qu’avait à dire Danny Danon pour défendre la position d’Israël ?

Il s’est pour l’essentiel contenté de ressasser les clichés les plus éculés de la propagande sioniste – à commencer par celle qui veut qu’Israël ait “fait fleurir le désert” – et les clichés anti-palestiniens les plus outranciers. Il s’est en revanche bien gardé d’aborder sérieusement le texte de la résolution sur laquelle le vote allait avoir lieu et d’expliquer en quoi, comme le prétendent Trump et Netanyahou, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël permettrait de “faire progresser la paix”. L’affirmation est, il est vrai, si ridicule qu’elle n’aurait pu qu’être accueillie par des quolibets.

Danny Danon a donc préféré se réfugier dans les récits pseudo-historiques qui sont supposés fonder les droits d’Israël sur la Palestine. Il a ainsi affirmé que “le Roi David a proclamé Jérusalem cité du peuple juif il y a 3.000 ans”. Or, il se fait qu’en dehors d’une stèle datée du neuvième siècle avant notre ère et mise au jour par des archéologies en 1993, et qui fait référence à la «Maison de David», il n’y a aucune preuve historique que le “roi David” ait jamais existé. Et quand cela serait, en quoi sa position, il y a 3.000 ans, à propos de Jérusalem devrait-elle s’imposer à la communauté internationale au XXIème siècle ? C’est complètement hors sujet.

Autre fable colportée par Danon :  “’Lorsque le Premier ministre [Ehoud] Barak a offert aux Palestiniens un État 7 en 2000, nous avons été confrontés à des attentats suicides dans nos autobus et à des fusillades dans nos rues. En 2005, le Premier ministre Sharon s’est désengagé de Gaza, il a évacué toutes les maisons israéliennes 8. Depuis lors, nous avons été attaqués encore et encore avec des roquettes et des missiles destinés à nos civils9.

La réalité est assez différente. Le démantèlement des colonies juives de Gaza et le retrait des troupes israéliennes (désormais postées à la périphérie du territoire, y compris en mer) n’ont pas mis fin à l’occupation de Gaza, mais ont seulement permis un “redéploiement” des forces d’occupation permettant d’une part de rendre le contrôle du territoire par l’armée moins coûteux pour Israël, et d’autre part d’intensifier la colonisation de la Cisjordanie, économiquement plus profitable. Depuis plus de dix ans, l’armée israélienne soumet la Bande de Gaza, avec la complicité active de l’Égypte, à un blocus terrestre, maritime et aérien presque total qui fait de Gaza un immense camp de concentration (voir les informations dans la rubrique ad hoc de ce site).

Danon affirma ensuite que “les États-Unis ont simplement reconnu un fait ils ont officiellement déclaré ce qui a toujours été vrai : Jérusalem a été et sera toujours la capitale de l’État d’Israël”.

Ici, l’ambassadeur israélien prend les désirs de son gouvernement pour une réalité : si Trump a renoncé, contrai­rement à ce que faisaient tous les six mois ses prédécesseurs, à bloquer la mise à exécution d’une loi votée par le Congrès des États-Unis il y a 22 ans, il n’a pas donné de définition de ce qu’il entend par “Jérusalem”.

Or, depuis le vote de cette loi à Washington, Israël a considérablement modifié les limites de la ville, annexant de facto de vastes espaces faisant partie de la Cisjordanie. Sont-ils aussi reconnus par le Roi David ou par le Roi Donald comme faisant partie de la capitale d’Israël ? Trump n’a pas davantage annoncé la moindre mesure indiquant en quoi les États-Unis vont désormais traiter Jérusalem davantage que dans le passé comme la capitale israélienne. Il a juste indiqué que les services du Département d’État vont recruter des ingénieurs et des architectes pour étudier un projet de construction d’une nouvelle ambassade. Un processus qui prendra en tout état de cause des années.

Danon a encore affirmé que “ce vote n’est rien de plus qu’une illusion : les Palestiniens savent que cette résolution est une fraude, ils savent que cette résolution ne fait absolument rien pour la vie du peuple palestinien, ils savent que cela ne créera pas d’emplois pour leur peuple. cela ne fournira pas de meilleurs soins de santé pour les habitants de Ramallah ou de Gaza”.

On retrouve ici l’habituel cynisme des dirigeants israéliens quand ils feignent de se soucier des intérêts légitimes de la population palestinienne, alors qu’en fait chaque jour depuis 70 ans ils détruisent l’économie palestinienne, ils déploient mille stratagèmes pour chasser la population palestinienne de ses maisons et de ses terres, ils volent les meilleures terres palestiniennes, ils pillent les ressources naturelles palestiniennes, ils bloquent les exportations des producteurs palestiniens, ils entravent toute activité économique palestinienne, sans oublier ne nombre de Palestiniens emprisonnés arbitrairement, estropiés ou tués par l’armée d’occupation.

Au surplus, un simple coup d’œil sur le texte de la résolution révèle qu’il ne met nullement en question le lien entre le peuple juif et Jérusalem (ce qui sans doute aurait dissuadé beaucoup de pays de le voter). Ce texte condamne les initiatives unilatérales et souligne seulement que “Jérusalem est une question de statut final qui doit être résolue par des négociations conformes aux résolutions pertinentes des Nations Unies”. Les propos de l’ambassadeur israélien ne sont donc qu’un mensonge supplémentaire, que ne pouvaient manquer de détecter tous les membres de l’Assemblée générale qui avaient lu le texte soumis au vote. 

Cette remarque vaut aussi pour l’affirmation de Danon selon laquelle “lorsqu’une résolution de l’ONU qualifie la présence d’Israël dans une partie de Jérusalem d ‘«illégale», en réalité, elle qualifie la présence du peuple juif du Mur occidental [dit “des lamentations”] d’ «illégale»”. L’objectif est clairement ici de transformer un conflit politique en conflit religieux.

Or, en fait, la résolution ne contient pas le mot “illégal” et ne contient rien qui suggère que la présence d’Israéliens à Jérusalem en général ou dans la zone du “mur occidental” en particulier serait illégale ou immorale. Danon ne fait rien d’autre que détourner l’attention : au lieu de parler du quasi-consensus de la communauté internationale sur la nature unilatérale de la décision étatsunienne, il revient tout à fait hors de propos sur un terrain émotionnel et religieux.

Et là encore il ment effrontément en affirmant : «Nous savons que Jérusalem est sacrée pour des milliards de personnes dans le monde entier, et Israël respecte toutes les religions et encourage tout le monde à visiter et à prier dans la ville sainte».

Dans les faits, plusieurs rapports rédigés par les diplomates des pays de l’Union Européenne à Jérusalem au fil des années ont souligné les entraves croissantes mises par la puissance occupante à la liberté religieuse à Jérusalem 10 . De nombreux signes montrent aussi qu’il ne faut absolument pas prendre à la légère les menaces de destruction des lieux saints musulmans du Haram al-Sharif (Mont du Temple), compte tenu de l’emprise qu’exercent certains des plus extrémistes parmi les extrémistes religieux juifs sur le gouvernement israélien.

Même les Juifs non orthodoxes ne peuvent pas librement exercer leur foi à Jérusalem. Danon a choisi de se concentrer sur le Mur des Lamentations comme site de pèlerinage auquel les Juifs se seraient vu refuser l’accès pendant «des milliers d’années». Ce qu’il passe sous silence, c’est que le gouvernement qu’il représente n’a pas voulu donner l’accès à tous les Juifs pour prier comme ils le souhaitent dans ce lieu sacré, pour ne rien dire des femmes…

L.D.                

Notes   [ + ]

1. Les 128 qui ont voté la résolution, les 35 qui se sont abstenus et … l’État de Palestine qui n’était pas admis à voter en dépit du fait qu’il a été reconnu par au moins 135 pays à ce jour.
2. Exceptionnellement on ne donnera ici à l’expression aucune intonation ironique.
3. Quelques voix se sont élevées pour qu’on ne les blâme pas pour leur vote hostile au respect de la légalité internationale mais qu’au lieu de cela on leur donne un soutien en faveur de leur décolonisation. C’est plein de bon sens.
4. Tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui le 9 décembre a unanimement condamné par 14 voix la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, seuls les États-Unis votant contre cette résolution, ce qui revenait à utiliser leur droit de véto.
5. qui n’est pas seulement Premier ministre mais est aussi le Ministre des Affaires étrangères d’Israël en titre.
6. Le Kenya, qui a fait l’objet depuis des mois d’efforts diplomatiques particulièrement soutenus de la part d’ISraël (tout comme le Togo), n’a pas participé au vote
7. Il s’agit d’une légende colportée par la propagande israélienne, à propos d’une prétendue “offre généreuse” qu’Arafat aurait repoussée. Il s’agit de pure propagande.  En outre, la seule expression “offre généreuse” témoigne de la mentalité fondamentalement colonialiste des Israéliens : les Palestiniens n’ont que faire de la prétendue “générosité” israélienne, c’est du respect de leurs droits nationaux qu’ils ont besoin.
8. Sharon avait même ordonné la démolition de toutes les constructions et instal­lations des colonies juives évacuées, pour être bien certain que rien ne puisse profiter à la population palestinienne de Gaza.
9. On n’épiloguera pas ici sur le bilan des pertes civiles provoquées par les attaques délibérées et répétées de l’armée israélienne contre une population civile totalement sans défense et qui ne peut même pas fuir.
10. voir notamment ici, et consulter aussi par exemple l’ouvrage de René Backmann, “Jérusalem, le rapport occulté” – Ed. Salvator (2009)”

Israël va s’auto-exclure d’un accord de coopération avec l’U.E.

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Nous en avions fait état le 14 décembre : Benjamin Netanyahou n’avait pas soulevé d’objection contre le fait qu’un accord à intervenir entre l’Union Européenne et Israël dans le cadre du programme dit « CBC-MED » stipulait explicitement que les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, en étaient exclus. 

Le programme vise à promouvoir le développement socio-économique, l’innovation et la compétitivité dans un certain nombre de domaines, notamment l’éducation, la recherche, la technologie, l’emploi et la durabilité de l’environnement.

Et l’article faisant état de cette apparent assouplissement de la position israélienne était assorti de cette illustration : 

C’était judicieux.

En effet, la législation israélienne est ainsi faite que l’approbation donnée par Netanyahou ne serait devenue définitive qu’à la condition qu’aucun membre de son gouvernement n’élève une quelconque objection d’ici le début du mois de janvier. Or, figurez-vous que c’est ce qui s’est passé : la Ministre des Sports et de la Culture, l’imbuvable Miri Regev (ancienne porte-parole de l’armée) s’en est chargée, et cela ouvre la voie à d’autres contestations par d’autres ministres. Le projet d’accord, tel qu’il est rédigé équivaut en effet à un boycott de fait des colonies juives de Cisjordanie et du Golan.

Le programme auquel se rapporte cet accord concerne la coopération avec divers pays du bassin méditerranéen n’appartenant pas à l’Union Européenne (dont Israël, la Turquie, l’Égypte, la Jordanie et le Liban), et il porte sur plusieurs dizaines de millions d’Euros.  L’Autorité Palestinienne (AP) y participe également. Il fournit une aide financière importante aux organisations publiques et privées des pays participants et de l’AP. En ce qui concerne Israël, il s’agissait de 84,6 millions d’Euros.

Conformément à la politique constante de l’UE, les termes de l’accord CBC Med comprennent une disposition territoriale excluant explicitement les subventions accordées à Israël pour des projets au-delà de ses frontières de 1967, autrement dit des bénéficiaires potentiels en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et sur les hauteurs du Golan.

Dans une lettre adressée au secrétaire de cabinet Braverman, citée par Haaretz, Regev écrit : «Le résultat absurde de cet accord sera que, si l’Autorité palestinienne soumet un projet dans [la ville de Hébron en Cisjordanie] ou à Jérusalem-Est, il sera accepté et sera soutenu, alors qu’Israël sera dans l’impossibilité d’en faire autant. De plus, le fait que cet accord se réfère à l’Autorité [palestinienne] comme s’il s’agissait d’un pays voisin, dans le cadre de la définition de la notion «pays voisin» par l’accord, est également inacceptable à mes yeux».

Regev ajoute encore : «Ma position fondamentale est que le gouvernement israélien devrait rejeter dès le départ des accords qui nous obligent de facto à boycotter des parties de la patrie ou des populations vivant sur les hauteurs du Golan, Jérusalem ou la Judée et la Samarie 1, sauf pour des exceptions très limitées». Regev souligne encore qu’il serait incohérent pour Israël de signer un accord qui, au moins implicitement, implique que Jérusalem-Est ne fait pas partie du territoire d’Israël, et dans le même temps de réclamer du monde entier qu’il reconnaisse Jérusalem pour sa capitale unifiée et éternelle et y transfère ses ambassades. 

Haaretz rappelle qu’il y a environ un an Israël a envisagé de participer à un accord avec l’UE sur le programme culturel et médiatique “Europe créative” qui incluait une disposition territoriale similaire, mais que cet accord a été sabordée au dernier moment par Regev. Dans ce cas également, Netanyahou avait initialement donné son consentement, mais en fin de compte les institutions culturelles israéliennes et les artistes ont été exclus du programme et n’ont pas bénéficié des subventions prévues.

Dans le cas de CBC Med, reste à voir si Israël pourra se débrouiller pour empêcher l’Autorité Palestinienne d’en bénéficier. Après tout, si le gouvernement Netanyahou ne veut pas des crédits européens, il y en aura d’autant plus pour les autres partenaires du programme, et c’est tant mieux. 

Notes   [ + ]

1. Judée et Samarie : terminologie officielle utilisée par le gouvernement et les administrations israéliennes pour désigner la Cisjordanie. Il s’agit d’appellations d’origine biblique.

Un restaurant juif objet de menaces et dégradations répétées. Mais personne ne hurle à l’antisémitisme…

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Imaginez que des Juifs veulent ouvrir un restaurant, et qu’avant même l’inauguration ils reçoivent des menaces répétées : “On va vous foutre le feu !”, “Vous n’avez rien à faire ici”, et autres amabilités… Puis la vitrine est cassée, un système d’aération saboté… Quel tollé, justifié, cela doit susciter dans la presse ! 

La première fois que nous avons essayé d’ouvrir c’était le 19 novembre”, raconte une des propriétaires à un journaliste. “Depuis, ils ont brisé notre vitrine et ont déjà démonté l’appareil de ventilation qui protège nos travailleurs de l’exposition à la fumée. Des professionnels viendront mercredi pour le réparer pour la cinquième, et j’espère dernière fois”.

Reut Cohen : “si les vandales étaient arabes…”

Mais l’exploitation du restaurant a été sérieusement perturbée : depuis que la hotte aspirante a été endommagée,  “un nombre considérable de travailleurs de la cuisine sont partis parce que la fumée commençait à pénétrer dans leurs yeux et leurs gorges”, raconte la patronne. “Je me suis retrouvée avec une petite équipe de personnes qui ont d’une manière ou d’une autre accepté de rester avec moi dans cette guerre”.

Comme qualifier cette histoire, sinon de manifestation virulente d’un antisémitisme hors de contrôle ?

Pourtant, vous n’avez rien lu de tel dans la presse, qui habituellement raffole de ce genre d’affaires.

L’explication est simple : ça ne se passe ni à Molenbeek ni à Sarcelles, mais à Jérusalem. Et les agresseurs sont aussi juifs que leur cible. Sans doute même pensent-ils l’être davantage, ou mieux, car il s’agit d’ultra-orthodoxes.

Les  motifs de leur agressivité sont relativement simples à résumer : le restaurant, situé tout près de la synagogue de la  “Chabad House” sur la route de Jaffa 1, sert une nourriture “à l’américaine”, sans se préoccuper aucunement de la cacherout : non seulement on y mange du porc, mais en plus on y mélange le lait et la viande (fromage et bacon) 2, et qui plus est le resto est ouvert pendant le Shabbat.

Mais le plus grave, à coup sûr, c’est que le restaurant est exploité par un couple de lesbiennes, Reut Cohen et Romina Gonzalez, qui en sont propriétaires. C’est plus, beaucoup plus, que n’en peuvent supporter les ultra-orthodoxes de ce quartier de Jérusalem.

Depuis que les actes de vandalisme a été rapportés par les médias locaux de Jérusalem, il y a deux semaines, il semble que les agresseurs ont quelque peu fait profil bas. “Soudainement, ils disent que ce n’est pas grave que nous soyons un couple et que cela ne les dérange pas que nous vendions du porc”, dit Reut Cohen. “Ils prétendent que la seule chose qui les dérangeait était que le ventilateur d’extraction était dirigé dans leur direction. Je dois souligner qu’il s’agit d’une hotte aspirante très sophistiquée, avec des filtres et des silencieux, de sorte que la seule chose qui sort au bout de la cheminée c’est de l’air chaud sans odeur et sans fumée – donc ce n’est qu’un prétexte. L’air chaud monte, alors il est clair qu’ils nous attaquent non pas à cause de la hotte mais parce que nous sommes un couple de lesbiennes et parce que notre établissement n’est pas casher, et c’est ça qui les dérange”.

Ils ont cassé la vitrine, quatre plaintes ont été déposées, il y a eu des menaces, puis du vandalisme et du vol, et la police ne fait rien”, constate la restauratrice.

Avant qu’ils ne cassent notre vitrine, j’ai dit que je n’entrerais pas dans des batailles inutiles avec le voisinage ou les autorités. Je comptais particulièrement sur la police pour répondre énergiquement à nos plaintes concernant les menaces et le vandalisme. Mais si cela n’arrive pas, je me suis promis que je ne mettrai plus de gants et on se battra de toutes nos forces. La police, après tout, peut prendre des mesures pour que le vandalisme cesse !”, poursuit Reut Cohen.

Il est clair pour moi que cela n’arriverait pas si deux hommes possédaient l’établissement et pas deux femmes. Tout comme il est clair pour moi que si des Arabes venaient vandaliser, et non des ultra-orthodoxes juifs, ils auraient été battus, ils seraient pris en flagrant délit de vandalisme et ils auraient immédiatement rendu l’équipement volé”.

Un peu en désespoir de cause, la patronne du restaurant prépare “une grande manifestation”, avec notamment l’appui du parti de gauche Meretz. “Mon espoir est que peut-être une grande manifestation de protestation par des gens pour qui la justice est importante mènera finalement la police à faire quelque chose”, dit-elle.

En tous cas, une manifestation juive “progressiste” contre la violence juive réactionnaire à Jérusalem, ça méritera d’être vu…  Et, qui sait, peut-être un jour, puisque ce sont des gens “pour qui la justice est importante”, se préoccuperont-ils (et elles) d’autres violences dans leur ville, tout aussi ignorées par la police ? Après tout, ils vont devoir la partager, cette ville, quoi qu’il arrive.

L.D.                  


Source : “Pork, smoke or the lesbian owners: What’s really upsetting Haredim about this Jerusalem diner ?” par Roni Kashmin (Haaretz, le 22 décembre 2017)

Notes   [ + ]

1. La principale artère commerciale de la ville, où jusqu’ici il n’y avait aucun établissement non casher
2. En violation du principe «Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère», car qui sait si le lait avec lequel on a fabriqué le fromage ne vient pas justement de la mère du veau dont provient la viande du hamburger ?
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